À Madagascar, intégrer un groupe d’épargne communautaire assure une qualité de vie décente
Rodrick est membre d’un groupe d’épargne communautaire depuis deux ans et demi. C’est aussi l’âge de sa fille, Jessy, qui respire la santé car il a pu subvenir correctement à ses besoins à travers cette initiative


Jessy, 2 ans, n’a jamais eu de problèmes de santé ni de régression de poids depuis sa naissance. Elle est une fierté pour son père qui voit en son épanouissement le fruit de son adhésion au groupe d’épargne communautaire de son village en 2020. En effet, la situation n’a pas toujours été facile pour la petite famille. « Nous n’avions pas de terrain à cultiver et vivions essentiellement de cueillette de feuilles de girofliers secs. Alors que ma femme était enceinte, je savais qu’il me serait impossible de suivre les conseils d’éducation nutritionnelle de l’agent communautaire du village et de subvenir aux besoins de ma fille » se rappelle Rodrick 25 ans.
Très assidu aux séances mensuelles de sensibilisation des femmes enceintes et des mères d’enfants de moins de 5 ans, délivrées par les agents communautaires dans le cadre d’un projet sur l’amélioration de la nutrition et du revenu des familles, de l’UNICEF avec l’appui du gouvernement Danois, lui et sa femme ont été interpelés par l’initiative du même projet qui incitait la communauté à se regrouper et former une association d’épargne et crédit villageoise. L’objectif visé est de les aider à améliorer leurs sources de revenus et la résilience de leur ménage afin qu’ils deviennent autonomes économiquement et puissent adopter une alimentation de qualité et de quantité. « Nous assistions à une séance sur l’hygiène et la nutrition de la femme enceinte, quand la crainte m’a envahi face au défi qui m’attendait. J’ai alors pris la décision de faire partie du groupe » raconte Rodrick.
« Dans le groupement nous avons reçu plusieurs formations comme l’éducation financière, comment faire son jardin potager, la transformation et le séchage de fruits et légumes et les activités génératrices de revenu. Grâce à l’épargne, j’ai pu emprunter pour louer une parcelle de terre et travailler mon jardin potager. L’Organisation Non-Gouvernementale People Power Inclusion, partenaire de mise en œuvre du projet nous a doté au début de semences et petits outillages pour le jardin communautaire. Quant à moi, j’ai fait de mon propre jardin potager une activité génératrice de revenus » poursuit-il.
Jessy est allaitée exclusivement au sein jusqu’à ses 6 mois. Heureusement, sa période de diversification alimentaire a coïncidé avec les premiers rendements du jardin potager de Rodrick. « Nous devions introduire des aliments complémentaires et dans mon jardin, j’avais : des choux, des concombres, des carottes et des tomates. Je n’ai plus eu de soucis pour trouver de la nourriture pour ma petite famille. Nous avions même un surplus qui nous a permis d’acheter de la viande pour Jessy » témoigne-t-il. Aujourd’hui, la petite fille est en préscolaire, les revenus ont également permis de préparer son entrée à l’école. « Nous avons déjà notre propre terrain et je suis devenu le relais communautaire qui accompagne les nouveaux membres du groupe d’épargne communautaire » conclut le père de famille.