Une épreuve de plus pour les enfants d’Haiti
Alors que la situation humanitaire se détériore, l'UNICEF continue de répondre aux besoins essentiels des familles. Mais un soutien supplémentaire est nécessaire de toute urgence.
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Port-au-Prince, 11 mars 2023 - Dans les rues de Port-au-Prince, le bruit des coups de feu est devenu une réalité quotidienne pour de nombreux Haïtiens. Il y a seulement un mois, Josette*, une mère courageuse, a perdu son mari sous les balles des groupes armés. Restée seule pour s'occuper de leur enfant, elle n'a pas eu d'autre choix que de fuir leur maison pour échapper à l'escalade de la violence qui ravage la communauté.
"De ma maison, j'entendais les cris des enfants et des femmes en larmes. Je craignais tellement pour nos vies", se souvient-elle. Rassemblant quelques biens de la famille, dont le sac à dos de son enfant, elle s'est réfugiée dans un site pour personnes déplacées.
L'histoire de Josette est loin d'être unique. La violence sous toutes ses formes a plongé la population, en particulier les enfants, dans une spirale de terreur et de désespoir.
La nouvelle montée de la violence en Haïti est tout simplement insupportable pour les enfants. Les familles subissent déjà des attaques incessantes d'une extrême violence de la part des groupes armés, chaque jour apportant son lot d'horreurs, telles que la perte d'êtres chers ou de leur maison, incendiée ou détruite par les tirs. La peur est omniprésente.
Au-delà de la violence immédiate, c'est l'avenir même des enfants haïtiens qui est en jeu. La récente crise sécuritaire a entraîné la fermeture d'écoles dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, privant des milliers d'enfants de leur droit fondamental à l'éducation.
Certaines écoles servent de refuge aux milliers de personnes déplacées par la violence. Parmi elles, des milliers d'enfants en âge scolaire de la capitale ont vu leur scolarité interrompue. Des milliers d'enfants en âge d'être scolarisés dans la capitale ont vu leur scolarité interrompue, tandis que beaucoup ont fui avec leur famille vers d'autres départements, notamment dans le sud du pays.
La colère des parents s'accroît - à cause de la violence actuelle, mais aussi parce qu'ils ont déjà payé les frais de scolarité et acheté des fournitures scolaires alors que leurs enfants ne peuvent pas aller à l'école.
"J'ai tout fait pour envoyer mes enfants à l'école, mais la violence continue de les en priver. L'année dernière, mon fils a dû arrêter d'aller à l'école à cause des tirs. Cette année, c'est la même chose. C'est injuste.
L'UNICEF et ses partenaires se mobilisent pour offrir un peu d'espoir aux enfants haïtiens affectés par la crise. Malgré les défis extrêmes que pose l'acheminement de l'aide, l'UNICEF travaille dans le cadre de son intervention humanitaire d'urgence pour répondre aux besoins essentiels des personnes les plus vulnérables. Des espaces sécurisés sont mis en place pour permettre aux enfants de retrouver un semblant de normalité grâce à des activités récréatives et éducatives. Parallèlement, des cliniques mobiles fournissent des soins de santé intégrés aux communautés déplacées, notamment des consultations et des traitements médicaux, des vaccinations pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, ainsi que des services nutritionnels.
Nathalie, 20 ans, a emmené son enfant se faire vacciner dans l'une des cliniques.
Ce matin, le médecin m'a demandé si mon enfant avait déjà été vacciné. Jusqu'à présent, je ne savais pas que je devais le vacciner. Je suis heureuse de l'avoir fait aujourd'hui. Avec tant d'enfants malades ici, c'est rassurant de savoir que mon enfant est maintenant protégé".
Mais les défis auxquels les familles doivent encore faire face sont énormes. Les hôpitaux ont été pris pour cible par des groupes armés et contraints d'évacuer les patients. Les services sociaux essentiels sont au bord de l'effondrement et les fournitures médicales sont rares. À la mi-mars, seuls deux services de chirurgie étaient opérationnels à Port-au-Prince.
Dans le cadre de son intervention, l'UNICEF a distribué 1 500 kits d'hygiène aux personnes séjournant dans les sites pour personnes déplacées afin de prévenir la propagation des maladies. Ces kits devraient aider environ 7 500 personnes vivant dans trois sites établis dans des écoles depuis une récente flambée de violence.
Mais l'urgence humanitaire en Haïti reste largement sous-financée. À la mi-mars, seuls 8 % des 221,7 millions de dollars nécessaires avaient été mobilisés. Alors que les besoins humanitaires continuent de croître, l'UNICEF a besoin de fonds supplémentaires, en particulier d'un financement flexible, pour l'aider à fournir une réponse rapide et à protéger les enfants haïtiens vulnérables.
*Les noms ont été modifiés pour des raisons de sécurité.