Les enfants migrants non accompagnés séjournent dans un centre de transit en quarantaine
Afin de réduire les risques de trafic et d’abus, l’UNICEF et ses partenaires avec l’appui financier de l’Union Européenne, sensibilisent les personnes qui décident de traverser, notamment ceux avec des enfants.

C’est avec un enthousiasme béat que Abéllite Éli, 16 ans, s’apprête à quitter le centre de quarantaine d’urgence de Ouanaminthe dans le nord-est haïtien, où il a séjourné avec son frère cadet de 14 ans. Quoiqu’un peu triste, il semble excité et heureux de dire au revoir à ses nouveaux amis. « À mon départ, je vais me souvenir de tout le monde, mes amis et surtout mon meilleur ami, Jadot. Il va beaucoup me manquer », a-t-il dit avec le sourire.
Abéllite est né en République Dominicaine où il a fait ses études primaires. Sa mère les a amenés, lui et son frère, à Port-au-Prince visiter leur père. Au moment de repartir, l’adolescent réalise qu’il n’a pas leurs documents de voyage. « En venant en Haïti, nous avions nos papiers mais maman les a ramenés dans une mallette, sans s’en rendre compte. C’est pourquoi nous avons essayé de passer par les bois », a -t-il raconté, en jouant au ballon avec son frère et son ami, Jadot. Avec l’aide d’un passeur, les adolescents ont essayé de traverser par l’un des 43 points non officiels répertoriés le long de la frontière. Ils ont été interceptés par les agents de l’institut de bien-être et de recherches (IBESR), et amenés au centre de transit d’urgence de Ouanaminthe.
Avec plus de 75% des migrants qui empruntent cette porte d’entrée, le poste frontalier officiel de Ouanaminthe est toujours très agité. Les personnes et les biens vont et viennent. Cependant, la majorité des enfants traversent la frontière par des points non officiels, selon Alexandra Onidia de l’organisation des Sœurs Saint-Jean Évangélique (SSJE), partenaire de l’UNICEF. « Quand ils sont arrêtés par les autorités haïtiennes ou dominicaines, ils sont référés à nos centres », a-t-elle ajouté. Afin de réduire les risques de trafic et d’abus, l’UNICEF et ses partenaires avec l’appui financier de l’Union Européenne, sensibilisent les personnes qui décident de traverser, notamment ceux avec des enfants.
En cette période de pandémie à COVID-19, les agents de SSJE sensibilisent dans les villages frontaliers à l’aide de mégaphones et de boom-box, et en diffusant à la radio des messages destinés aux migrants. Grâce au financement de l'Union européenne, IBESR et SSJE ont mis en place un centre de transit d'urgence pour les enfants migrants non accompagnés. Les enfants non accompagnés y séjournent pendant 14 jours, pour un suivi médical et psychosocial, avant de retrouver leur famille, d’être placés dans une famille d'accueil ou dans un autre centre de transit d’enfants. « Dès leur arrivée, les enfants sont amenés à l’hôpital pour un suivi médical. Pendant leur séjour, une infirmière et un agent social veillent sur eux jour et nuit », a expliqué Remy Occéan, Responsable de l’IBESR au Nord Est.

62 enfants ont séjourné au centre ces deux derniers mois. À l’entrée, les visiteurs se lavent les mains avec de l’eau chlorée, et à l’intérieur, le port du masque est de rigueur pour les enfants comme pour les adultes. Les gestes barrières sont respectés, tel que le rappellent les affiches collées aux murs. « Tout le monde n’est pas admis dans ce centre. Les visiteurs doivent toujours avoir une raison valable d’y entrer, et ils doivent toujours porter un masque, de peur de contaminer les enfants. Nous veillons strictement aux gestes barrières du COVID-19”, a expliqué Claudain Souverain de SSJE.
Abéllite et son petit frère vont bientôt quitter le centre. Leur maman vient d’arriver, et après avoir montré des documents prouvant qu’elle est bien la tutrice légale des enfants, un agent social de l’IBESR l’autorise à partir avec eux. « Je suis content de mon séjour ici. Je prends mon bain à temps, je mange à des heures régulières et je dors bien. Je dis merci pour tout et souhaite qu’on continue d’aider les enfants qui sont dans la même situation que moi », a conclu Abéllite.
