Les communautés de Bacaunoir connaissent le 8811
Ils connaissent des canaux sûrs et accessibles pour signaler les cas d'exploitation et d'abus sexuels (EAS)

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« Peu importe quelle organisation vient nous aider, qu'on nous demande une forme de paiement ou autre, ou même qu'on nous demande d'avoir des relations sexuelles en échange de l'aide, nous avons le droit de toujours dire "non", nous n'acceptons pas », raconte Christiana Saint-Pierre.
Christiana est assise en un petit cercle avec cinq autres femmes, tenant des dépliants colorés avec des dessins et des photos intégrés, et des textes écrits en créole haïtien. La jeune femme de 20 ans vit à Bacaunoir, département des Nippes, dans la partie Sud d'Haïti, une région frappée par un tremblement de terre de magnitude 7,2 en août 2021. Depuis, de nombreuses organisations humanitaires, locales ou internationales, sont présentes dans la région pour apporter de l'aide à la population.
Les personnes touchées par une situation d'urgence sont plus vulnérables à l'exploitation et aux abus sexuels Elles dépendent de l’aide humanitaire pour subvenir à leurs besoins les plus essentiels. Certains travailleurs humanitaires pourraient profiter de leur situation de vulnérabilité pour les exploiter. L'UNICEF informe les membres de la communauté que l’aide humanitaire est gratuite, qu’ils ont le droit à la protection contre ces actes d’exploitation, et sur la manière dont ils peuvent signaler des cas, s'ils sont victimes ou témoins.
« Après une catastrophe naturelle ou d'autres situations d'urgence, il est toujours bon de rappeler aux gens que l'aide humanitaire est gratuite. Il est important de sensibiliser la communauté et de former les gens afin qu'ils connaissent l'importance de la protection contre l'exploitation et les abus sexuels (PEAS) », déclare Valentina Morency, officière de PEAS à l'UNICEF Haïti.
Profiter des activités humanitaires pour informer sur la PEAS
Ce matin-là, Christiana a assisté à une session de formation sur l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant et sur d'autres pratiques nutritionnelles organisée par l'UNICEF et son partenaire l’ONG Haïti Participative. La rencontre a également offert l'opportunité de sensibiliser les femmes sur la PSEA.

De retour chez elle, elle rassemble des femmes de son quartier pour les sensibiliser. La jeune femme a déjà une compréhension très large du sujet et s'exprime avec assurance. Aider les membres de sa communauté à se protéger contre toute forme d'exploitation lui tient à cœur.
« La PEAS est l'une des parties les plus importantes du programme. Cela nous aide à mieux comprendre que peu importe l'organisation présente, l'ONG Haïti Participative ou l'UNICEF, nous ne devons rien donner en échange de l'aide qu'ils nous apportent », explique Christiana.
Dans les zones rurales touchées par le tremblement de terre ou dans les zones urbaines qui continuent de subir les horreurs de la violence des groupes armés, l'UNICEF s'emploie à sensibiliser les communautés à la PEAS, car toutes les personnes qui ont droit à l'aide humanitaire doivent être informées.
« Nous éduquons tout le monde. Les enfants peuvent être victimes d'exploitation et d'abus sexuels, tout comme les adultes. Nous ciblons principalement les personnes vulnérables, les filles, les femmes, les personnes vivant avec un handicap, etc. », souligne Morency.
Relayer l’information PSEA au sein de la communauté
La session de formation a été très fructueuse. Les femmes et les filles qui ont participé à l'événement ont appris l’essentiel, notamment les canaux sûrs et accessibles pour signaler les cas d'exploitation et d'abus sexuels. « Les femmes connaissent le 8811, le numéro inter-agences gratuit géré par le Programme alimentaire mondial (PAM). Ils connaissent également le numéro d'Haïti Participative pour rapporter », explique Morency.
Christiana utilise ces connaissances pour informer ses voisines. Elle répond aux questions avec pédagogie, répétant et insistant sur le droit pour tous les bénéficiaires d'accéder à l'aide, sans rien donner en retour. Car les personnes qui reçoivent l’aide peuvent communiquer un retour positif ou négatif sur le comportement d’un travailleur humanitaire.
« Nous avons le droit de ne pas être d'accord. On peut voir comment un ingénieur de l'UNICEF ou d'Haïti Participative effectue son travail et porter plainte s’il y a lieu. On peut aller voir un responsable qui nous orientera vers le bureau de l'organisme pour porter plainte contre la personne au besoin », illustre-t-elle.
Grâce au programme PEAS, les personnes vulnérables seront protégées contre l'exploitation et les abus sexuels et continueront à vivre leur vie dans la dignité après les situations d'urgence. Tout comme Christiana qui est très ambitieuse et rêve grand.
« J'aurai bientôt 21 ans. J'aimerais apprendre beaucoup de choses après avoir terminé mes études. J'adore la médecine et j'aimerais aussi devenir ingénieur », a-t-elle conclu.