Le séjour en famille d’accueil perturbé par le tremblement de terre

C’est dur d’être enceinte à 15 ans, de vivre dans une famille d’accueil et de faire face aux affres d’un séisme de magnitude 7.2 qui a fait 2 200 morts, 12 700 blessés, et affecté 800 000 personnes

Ndiaga Seck
Love Anchise en train de jouer avec son enfant
UNICEF Haiti/2021/Plymouth
14 décembre 2021

C’est dur d’être enceinte à 15 ans, de vivre dans une famille d’accueil et de faire face aux affres d’un séisme de magnitude 7.2 qui a fait 2 200 morts, 12 700 blessés, et affecté 800 000 personnes. C’est ce qu’a vécu Love Anchise, une adolescente haïtienne, rejetée par ses parents. Avec l’aide de l’UNICEF et ses partenaires, elle a été réunifiée avec sa famille trois mois plus tard.

Tozia, 11 décembre 2021 - Ce lundi du mois de novembre est un jour mémorable pour Love Anchise, qui rentre chez elle retrouver son père. « Je suis très contente de retourner chez moi. Mes parents m’ont encouragée. Mon frère, ma tante et ma belle-mère aussi », a-t-elle dit dans le véhicule qui l’amenait des Cayes dans le Département du Sud à Tozia dans la Grande Anse d’Haïti.

Tomber enceinte a été un fardeau pour l’adolescente de 15 ans. C’est devenu un calvaire quand survient un tremblement de terre qui a endommagé la maison de la famille d’accueil où elle vivait, parce que rejetée par ses parents. « J’ai accouché le 14 novembre à 2h30 du matin. Tout s’est bien passé. Je vais bien. Ma petite fille aussi », a-t-elle raconté, souriante.

Avec l’aide d’une sage-femme, Love a accouché trois mois jour pour jour après le séisme, dans la maison voisine où sa famille d’accueil a été relogée. Bien avant, l’adolescente a connu des complications et a été hospitalisée et suivie par un gynécologue pendant huit jours.  Le tremblement de terre a repoussé à bien plus tard sa réunification familiale qui avait été prévue fin août, car la maison de son père à Tozia, a également été endommagée.

UNICEF Haiti/2021/Plymouth

Love est restée longtemps sans aller chez elle à Tozia, à part un bref passage en juillet. Elle était allée vivre avec sa mère à Port-au-Prince la capitale haïtienne, d’où elle est tombée enceinte. Sa mère lui a alors demandé de retourner chez son père, mais celui-ci a refusé de l’accueillir. « Mon père ne voulait pas me recevoir, ma belle-mère non plus. Toute le monde m’injuriait. J’étais obligée d’aller vivre aux Cayes », a relaté l’enfant. Une nuit, on l’a retrouvée dans une station de moto-taxis aux Cayes, et l’a référée au bureau de l’agence en charge de la protection de l’enfant, l’Institut du bien-être social et de recherches (IBESR).

C’est ainsi que Love a été placée dans une famille d’accueil, le temps que l’IBESR et son partenaire God’s Vision For Haiti mènent la recherche familiale et la médiation, afin que son père accepte de la recueillir. Avec l’appui de l’UNICEF, un suivi psychosocial est offert à l’adolescente par l’IBSER et le Centre de Formation et Recherches en Appui Psychosocial (CFRAPS), de même qu’un kit alimentaire, un matelas, des draps, des habits et un chèque de 100 dollars US, pour son retour à la maison paternelle.

« Je me sens très bien aujourd’hui. Je témoigne du respect aux gens qui ont aidé ma fille », a dit Mirevien Toussaint, le père de Love, quand celle-ci est arrivée à la maison avec son bébé de deux semaines. « Depuis plusieurs mois, ils ont pris soin de ma fille. Le bébé est né chez eux, pas chez moi. Ce sont ces mêmes personnes qui ont récupéré ma fille dans la rue», a-t-il ajouté.

Un travailleur social avec le père d'Anchise
UNICEF Haiti/2021/Plymouth
Un travailleur social avec le père d'Anchise

Mirevien était amer quand il a appris que sa fille a contracté une grossesse, alors qu’il n’a ménagé aucun effort pour lui payer ses études. Grâce au travail mené par l’IBESR et les partenaires, l’homme de 46 ans est revenu à de meilleurs sentiments. Aujourd’hui, il est prêt à faire table rase du passé. «Ce qui est arrivé à ma fille peut arriver à tout le monde. Après avoir eu un enfant, une adolescente peut reprendre ses études. C’est la chose la plus importante pour moi », a clarifié Mirevien.  

Et c’est le vœu de Love qui aimerait retourner à l’école pour avoir un métier lui permettant de bien élever sa petite fille. « Je souhaite prendre bien soin de mon enfant et j’ai besoin de l’accompagnement de mon père pour y arriver », a-t-elle déclaré.

Le tremblement de terre du 14 août dernier a fragilisé les familles et des communautés du sud-ouest d’Haïti, et rendu plus vulnérables des milliers d’enfants. Depuis la survenue de la catastrophe naturelle, l'UNICEF, l’IBESR et les partenaires ont réunifié 27 enfants avec leur famille, et porté assistance à 600 enfants dans 150 familles d'accueil dans le Grand Sud.

L’UNICEF, 75 ans au service des enfants du monde, 44 ans au service des enfants d’Haiti.

 

L’UNICEF remercie tous les bailleurs qui ont contribué à l’effort de réponse au tremblement du 14 août 2021 en Haiti: AECID, Canada, Citi Foundation, ECHO, ECW FER, France, Germany, GPE, HP Foundation, Impetus Foundation, Japon, LDSC, Lego Foundation, Liechtenstein, Madrid City Council, Meta, SIDA- Suède, Target Corporation, UNCERF, USAID, Wallonie-Bruxelles International, The Walt Disney Company, Xunta De Galicia - UNICEF National committees: Canada, Denmark, France, Germany, Ireland, Luxembourg, Netherlands, Norway, Poland, South Korea, Spain, Sweden, Switzerland, United Kingdom, United States - UNICEF CO: Argentina, Peru.