Crise de l'eau à L' Asile
Sanaï au bord du gouffre et les U-Reporters lancent l’alerte.

Une récente rareté de l'eau et le manque de services de base ont mis la vie des habitants de Sanaï en danger. Sanaï, une communauté de l’agglomération de l'Asile dans le Département des Nippes, sud d'Haïti fait face à un manque d’eau criard et de nombreux habitants dépendent d'une seule source d'eau. Plusieurs personnes seraient tombées malades du choléra, une maladie d'origine hydrique potentiellement mortelle qui provoque de graves diarrhées et de la déshydratation.
« L’eau que nous recevons n'est pas potable », explique Venis Mondésir, une habitante de la zone. « Nous devons la nettoyer lorsque nous la prenons. Nous la purifions avec du chlore lorsque nous rentrons chez nous ». Cependant, tout le monde n'a pas les moyens d'acheter du chlore pour traiter l'eau, ce qui laisse de nombreux résidents vulnérables aux maladies d'origine hydrique.
Le choléra a refait surface en Haiti en octobre dernier. Au 17 mars 2023, 2500 cas ont été confirmés en Haiti dont 630 décès. Plus de 36500 cas suspects ont été répertoriés et les cas de Sanai seront listés comme tels jusqu’à ce qu’ils soient confirmés par des tests de laboratoire.

« Nous prenons tous de l'eau au même endroit qui est assez éloigné. Mais elle est impropre et elle contient des germes et des microbes déposés par les animaux qui viennent boire », dit Savya Opont, une autre résidente de la zone. Elle redoute la maladie pour avoir perdu un enfant, un cousin et un oncle à la suite d’une diarrhée aiguë et des vomissements, symptômes typiques du choléra.
C’est Kendia Charles qui a lancé l’alerte sur la situation qui prévaut à Sanaï sur les réseaux sociaux. Kendia est U-Reporter qui habite à l’Asile et elle cherche toujours à se battre contre les fléaux qui affectent les enfants et les femmes au sein de sa communauté. Lorsqu'elle a entendu parler de la situation pour la première fois, elle a immédiatement contacté un médecin et se coordonner avec d'autres U-reporters pour partager l’information avec la presse via WhatsApp.

U-Report est un système gratuit qui opère par SMS et sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, WhatsApp, etc.) lancé en Haiti en juin 2019 pour permettre aux jeunes de s’exprimer sur les problématiques qui concernent leur communauté. A ce jour, la plateforme compte 83200 inscrits qui reçoivent des sondages et peuvent donner leur avis de manière libre, anonyme et gratuite. L’outil permet également de consulter des centres d’information et d’accroitre ses connaissances.
« Notre voix compte en tant que U-Reporters, nous portons la voix de notre communauté à travers nos réseaux et nous avons le devoir d'informer tous ceux qui peuvent aider. Grâce à cette initiative, les gens savent aujourd'hui que dans la communauté de Sanai, il y a un problème d'accès à l'eau potable qui serait à l’origine de cas suspects de choléra ».

Malgré ces obstacles, Kendia et ses pairs U-Reporters ont travaillé sans relâche pour sensibiliser les familles sur l'importance de n’utiliser que de l'eau potable ou traitée au chlore ou avec des comprimés purificateurs d’eau, ou de la faire bouillir lorsque possible pour se protéger du choléra. Ils ont également lance le plaidoyer auprès du gouvernement pour améliorer l'approvisionnement en eau et les services de base de la région.
« Nous sommes préoccupés par la situation et nous nous engageons. Nous avons prodigué des conseils aux membres de la communauté. Ma voix compte. Je vois, je signale et j'agis en tant que U-reporter vivant dans ma communauté ! ».
Les cas suspects de choléra répertoriés à Sanaï montrent le besoin urgent d'agir pour faire face à la crise de l'eau dans la région. Sans un accès adéquat à l'eau potable, la vie et la santé des habitants sont en danger, et le cycle de la pauvreté et de la maladie risque de se perpétuer.