L'espoir durable des enfants d'Haïti au milieu du chaos

Déclaration de Ted Chaiban, directeur exécutif adjoint de l'UNICEF, à la conclusion de sa visite en Haïti

25 mars 2025
UNICEF Deputy Executive Director Ted Chaiban plays with children at the IDP site in Lycée Marie Jeanne, Port-au-Prince, Haiti.
UNICEF/UNI766523/ Le directeur exécutif adjoint de l'UNICEF, Ted Chaiban, joue avec des enfants dans le site de déplacés internes au Lycée Marie Jeanne, Port-au-Prince, Haïti.

PORT-AU-PRINCE, 24 mars 2025 – « Passer quatre jours aux côtés des communautés et des partenaires en Haïti, pays toujours plongé dans une crise prolongée trop souvent oubliée par la communauté internationale, m’a fait mesurer l’ampleur des souffrances endurées par les enfants et les jeunes. Dans le centre du pays, les familles vulnérables sont poussées au bord du gouffre, alors que le chaos continue de priver les enfants de services vitaux et les expose à de graves dangers. Leur présent et leur avenir sont littéralement attaqués. 

« Les groupes armés contrôlent aujourd’hui environ 85 % de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que de vastes zones de la région agricole de l’Artibonite, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir et mettant plus d’un million d’enfants en danger. L’accès aux communautés affectées est de plus en plus restreint par l’insécurité et la présence de groupes armés. 

« J’ai visité un site de déplacement installé dans une école à Port-au-Prince, où vivent plus de 7 000 personnes — la moitié étant des enfants. J’y ai rencontré des mères, des pères et des enfants qui avaient fui pour sauver leur vie, laissant tout derrière eux. Le traumatisme était palpable. Les familles ont raconté leur fuite sous les tirs, leurs maisons incendiées, et l’accès brutalement interrompu à la nourriture, à l’eau et aux soins.

« Les enfants sont pris entre deux feux. Certains sont blessés, d’autres déplacés ou devenus orphelins. Et pourtant, j’ai vu une résilience incroyable sur ce site : de nombreuses femmes déplacées y tiennent de petites échoppes, vendant du savon ou du pain pour tenter de subvenir aux besoins de leurs enfants. Elles refusaient d’abandonner, malgré tout ce qu’elles avaient traversé.

« Le système de santé est au bord de l’effondrement. Plus de la moitié des hôpitaux du pays ne fonctionnent plus, avec un seul hôpital public encore actif à Port-au-Prince. À Gonaïves, dans l’Artibonite, j’ai visité un centre de santé très fréquenté, menacé de fermeture. Il accueille jusqu’à 500 personnes par jour, dont des mères et leurs nouveau-nés, des femmes enceintes, des enfants malnutris et des victimes de violences sexuelles. Le directeur médical a été clair : sans le soutien continu de l’UNICEF, ils ne pourront plus fonctionner. Malgré la pression de la violence et la pénurie de ressources, les services sociaux continuent d’être fournis dans les zones non contrôlées par les groupes armés — et il est vital de les maintenir. 

« L’éducation n’est plus un sanctuaire pour les enfants — elle est assiégée. Près de 1,5 million d’enfants sont déscolarisés ou à risque élevé de décrochage. Des centaines d’écoles ont été détruites, occupées ou transformées en abris pour les déplacés.

« Mais dans une école, j’ai trouvé de l’espoir. J’ai rencontré une adolescente de 14 ans, violée et blessée par balle au visage. Malgré son traumatisme, elle continue d’aller à l’école — un établissement qui accueillait autrefois 300 élèves et qui en accueille désormais 700 supplémentaires, déplacés d’une école contrainte de fermer après des attaques armées. Elle m’a dit que, lorsqu’elle entre en classe, elle retrouve un sentiment d’espoir. Au milieu du chaos et de la surpopulation, elle s’accroche à son rêve de devenir médecin. Elle refuse de lâcher prise — et nous ne devrions pas non plus.

« Sans éducation, l’avenir de ces enfants leur est volé. Sans protection, ils risquent d’être recrutés par des groupes armés ou exposés à des violences innommables. On estime que 30 à 50 % des membres de ces groupes sont des enfants. Les filles, en particulier, sont de plus en plus exposées à des violences sexuelles et sexistes, que ce soit aux mains des groupes armés ou dans des sites de déplacement qui ne disposent pas d'une protection suffisante. 

« Lors de mes rencontres avec le président du Conseil de transition, le Premier ministre et plusieurs ministres, nous avons convenu de l’urgence à protéger les enfants et à garantir l’accès aux services essentiels. Malgré les difficultés, l’UNICEF et le gouvernement ont réaffirmé leur engagement envers les droits et le bien-être des enfants, en mettant l’accent sur la santé, l’éducation, la protection et le développement des adolescents et des jeunes. Nous avons insisté sur la nécessité d’une action coordonnée menée par le gouvernement haïtien, en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers comme l’UNICEF, et sur l’importance d’un engagement ferme à fournir des ressources suffisantes et durables, notamment pour la réponse humanitaire, afin d’assurer la continuité des services sociaux de base aux enfants, en complément des investissements des partenaires. 

« L’UNICEF est pleinement engagée pour une réponse humanitaire ciblée, efficace et efficiente en faveur des enfants d’Haïti. Mais nous ne pouvons pas agir seuls. Notre appel humanitaire pour Haïti requiert 272 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents des enfants, et seuls 15 millions ont été reçus à ce jour. L’UNICEF prévoit d’atteindre 128 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère — une forme de malnutrition qui multiplie par dix le risque de décès si elle n’est pas traitée. Sans financement soutenu du gouvernement et de ses partenaires, chaque enfant est exposé à un risque accru. 

La crise de financement actuelle pour l’aide humanitaire dépasse le cas d’Haïti — elle touche le monde entier, et ce sont les enfants les plus vulnérables qui en paient le prix.

Ce que j’ai vu en Haïti, ce sont certains des enfants les plus vulnérables au monde — en détresse profonde. Mais j’y ai aussi vu de l’espoir. Les enfants haïtiens gardent l’espoir d’un avenir meilleur. Ils vont à l’école chaque fois qu’ils le peuvent. Ils refusent d’abandonner leur vie, leur dignité, leur pays.

Ce n’est pas le moment d’abandonner Haïti. En cette période de transition, c’est le moment d’investir dans ses enfants, dans leur avenir — pour éviter qu’une génération entière ne soit perdue par la violence.

Contacts presse

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Chief of Communication and Advocacy
UNICEF
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Adresse électronique: samoussa@unicef.org
Giacomo Colarullo
UNICEF New York
Tél: +1 718 791 8245
Adresse électronique: gcolarullo@unicef.org

Ressources supplémentaires

UNICEF Deputy Executive Director Ted Chaiban holds a baby at K-Soleil hospital, in Gonaives, Haiti.
UNICEF Deputy Executive Director Ted Chaiban holds a baby at K-Soleil hospital, in Gonaives, Haiti.

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L'UNICEF promeut les droits et le bien-être de chaque enfant, dans tout ce que nous faisons. En collaboration avec nos partenaires, nous travaillons dans 190 pays et territoires pour traduire cet engagement en action concrète, en concentrant nos efforts sur les enfants les plus vulnérables et les plus exclus, au bénéfice de tous les enfants, partout dans le monde.

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