Désarroi et espérance face à un avenir prometteur
La détresse face aux nouvelles violences dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince a engendré de vastes mouvements de déplacement de population, créant de nouvelles urgences humanitaires.

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Assis sur l'escalier, Lucien (nom d’emprunt), un garçon de neuf ans, s'applique à résoudre les exercices dans son manuel scolaire. Une phrase inscrite dans son cahier retient mon attention : " Dieu est ma lumière." Cela semble lui offrir du réconfort compte tenu des épreuves difficiles qu'il traverse avec sa famille. En effet, Lucien a dû fuir les affrontements entre groupes armés dans son quartier et a trouvé refuge avec sa famille sur la Place Jérémie à Port-au-Prince.
Au cours des dernières semaines, des rues de Port-au-Prince sont devenues le théâtre de violences quotidiennes, où les habitants se retrouvent régulièrement pris au piège dans les affrontements de groupes armés cherchant à étendre leur contrôle sur de nouveaux territoires. Face à cette situation, des milliers de familles abandonnent leurs foyers à la recherche de refuges temporaires
Eduine (nom d’emprunt), une jeune femme de 21 ans, assise sur un banc d'école avec son bébé sur les genoux, raconte son propre récit poignant.
"J'habitais autrefois à la montagne. À cause de la crise, j'ai dû abandonner ma maison pour trouver refuge à Carrefour-Feuilles. Cependant, avec ces affrontements, j'ai encore été contrainte de quitter ma demeure à la hâte, cette fois sans rien pouvoir emporter. Mon mari a été tué par des bandits et j'ai un nourrisson de quatre mois. Il n'y a pas de nourriture pour moi, mon bébé ni ma mère. Je suis dans la misère."
Depuis le début de cette crise, un grand nombre de personnes, réparti sur plusieurs sites de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, a été dénombré. Plus de 8,700 personnes déplacées réparties sur 19 sites, et dont la majorité sont des femmes et des enfants. Les affrontements se sont intensifiés au cours des derniers jours, engendrant de nouvelles vagues de déplacements. Les besoins sont criants pour les populations sur ces sites.
Tout en assurant l’évaluation rapide de la situation, l’UNICEF et ses partenaires répondent dans la mesure de leurs capacités aux besoins immédiats des populations concernées, en matière d’accès à l’eau et de services d’assainissement, de santé, de nutrition, d’éducation et de protection des enfants et de leurs familles. Des kits d'hygiène sont distribués aux personnes les plus vulnérables, et des installations d'approvisionnement en eau sont installées sur ces sites.
"La situation est très volatile. Les mouvements de populations varient d’heure en heure et restent très imprévisibles. Les enfants et leurs familles demeurent dans des situations très précaires – qui mettent à risque leur santé et leur protection."
Djuneca (nom d'emprunt), une résidente d'un de ces sites, témoigne : "La situation est inconfortable. L'intimité est inexistante sur le site. Les problèmes d'hygiène sont sérieux. Nous craignons une épidémie de choléra. Nos enfants souffrent d'éruptions cutanées. Nous subissons des discriminations, car les riverains nous assimilent aux groupes armés. Nous sommes épuisés. Nous voulons rentrer chez nous, en province."
La sécurité aux abords de ces sites demeure problématique en raison des affrontements en cours. La situation peut dégénérer à tout moment. La menace d'attaques plane en permanence, et le manque d'éclairage et d'intimité expose à un risque élevé de violences basées sur le genre.

L'UNICEF et ses partenaires mènent des campagnes de sensibilisation auprès des occupants des sites pour prévenir les abus et l'exploitation sexuelle. Des activités psychosociales sont organisées pour aider les enfants à surmonter leur traumatisme.
"Au côté des partenaires, nous sommes en train de déployer tous les moyens pour répondre aux besoins immédiats de ces familles et enfants. Nous sommes en train de déployer des cliniques mobiles pour prévenir les risques en matière de santé, de mettre en place les dispositifs de soutien psychosocial, de mettre à disposition des kits récréatifs pour les enfants et de mettre en place les mesures pour éviter les risques de violences dans les sites – notamment celles basées sur le genre et d’explorer tous les voies et moyens pour l’éducation des enfants, à la veille de la rentrée scolaire" explique Tasuzgika Phiri.
Sur le terrain, les besoins restent toutefois immenses notamment pour celles et ceux qui vivent dans les zones contrôlées par les groupes armés et qui n'ont pas accès aux services essentiels tels que la protection, la nutrition, l'éducation et les soins médicaux de qualité.

Eduine (nom d’emprunt) exprime sa désolation : "Je ne vois aucun avenir pour moi ni pour mon enfant, car je n'ai rien à lui offrir. Je dépends des autres pour survivre. Si les voisins ne me nourrissent pas, je ne mange pas."
Au milieu de ce chaos, une petite lueur d'espoir brille sur le visage de Lucien à l'approche de la rentrée scolaire.
"J'attends avec impatience la nouvelle année scolaire. Je vais entrer en cinquième année. Plus tard, je rêve de devenir médecin pour soigner les gens."
L’UNICEF a besoin de 245,9 millions de dollars américains pour fournir une aide adéquate à la population vulnérable.