Une journée dans un centre de prise en charge d'enfants en situation difficile appuyé par l’UNICEF

Nous sommes en immersion au Centre de prise en charge des enfants en situation difficile appuyé par l’UNICEF à Angodjé

Fanja Saholiarisoa
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Fanja Saholiarisoa
29 mars 2022

C’est la Journée du civisme au sein du Centre d’accueil pour enfants en difficulté sociale d’Angondjé (CAPEDS). Les pensionnaires du centre ne sont pas à l’école ce jour-là. C’est une journée dédiée aux travaux communautaires.

Nous avons croisé presque tous les enfants lors de notre passage, ainsi que presque tout le personnel du centre, au four et au moulin, en train de vaquer à leurs tâches pour améliorer l’environnement au centre. Selon le directeur du CAPEDS, Brice Effa, c’est une façon pour éduquer les pensionnaires sur l’importance de l’hygiène et l’entraide. Les enfants sont en difficulté sociale avec des passes très lourds. Ils essaient de s’y reconstruire en attendant un lendemain meilleur.

Une dizaine de garçons font la queue devant le service de santé attendant leur tour pour se couper les cheveux. A l’intérieur, nous avons croisé Marie Louise Bavonda, l’une des infirmières, en train de bercer un bébé recueilli au centre sans père ni mère une semaine auparavant. Quatre bébés y ont trouvé refuge après avoir été retrouvés dans les rues ou jetés quelque part.

Malgré cette tristesse, nous avons vu un centre plein de joie avec de la musique encourageant certains enfants à exécuter quelques pas de danse. Cette joie de vivre aide beaucoup les enfants du CAPEDS à se relever et à avancer oubliant les traumatismes que la plupart ont subi. Ida Tatiana Matayou, la pscyhologue témoigne que les enfants du centre évoluent beaucoup au fil des jours et des mois de pensionnat. Le CAPEDS est le seul établissement public financé par le gouvernement gabonais pour accueillir les enfants en difficulté du Gabon. Beaucoup de cas d’enfants y sont recensés: des orphelins, des enfants de rue, des enfants en situation de handicap et surtout des enfants victimes de la traite et de la maltraitance.

 Nous en avons rencontré quelques uns ce jour-là. Dans la cuisine, Sandra (nom fictif), 16 ans est en train de préparer le déjeuner du midi avec quelques filles du centre. Cela fait trois ans qu’elle est là. Elle a été forcée de partir de chez elle du Cameroun dans l’objectif de trouver du travail. Elle est épanouie aujourd’hui et espère un jour devenir médecin là où le vent va lui mener. Le chanteur Moise Mbiye est son inspiration.

Nous avons aussi croisé des jeunes garçons de 15 à 16 ans du Niger qui, contrairement aux filles, ont l’air perdu et mélancoliques. On pouvait lire dans leurs yeux une souffrance et une douleur indicible. Ils étaient envoyés par leurs proches pour travailler au Gabon mais leur sort en a décidé autrement.

Le centre recense 15 enfants victimes de traite orginaires du Niger, Burkina Faso, Cameroun et Togo. La plupart espèrent rentrer chez eux coûte que coûte mais la procédure n’est pas facile et traine la plupart du temps à en croire les propos du responsable du service social du centre Ondo Edzang Brice. En effet, le rapatriement de ces enfants est un long processus qui peut durer des années.

L’UNICEF est parmi les partenaires de longue date du CAPDES dans la prise en charge des enfants pensionnaires mais surtout pour les procédures de rapatriement des enfants victimes de traite. Comme le cas de la jeune togolaise, elle espère ouvrir un jour son salon de coiffure chez elle.

Derrière chaque visage d’enfant que nous avons croisé se cache des  histoires de souffrance, des histoires de familles et de communautés déchirées, mais aussi des histoires de courage et de bravoure face à la cruauté des oppresseurs.

L’UNICEF travaille auprès de ses partenaires pour bâtir ensemble des sociétés fondées sur la dignité, l’égalité et un environnement favorable pour les enfants

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Les pensionnaires durant la journée civique
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Certains espèrent pouvoir partir chez eux un jour
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La journée du civisme se déroule sur fond musical oú les pensionnaires peuvent jouer leurs morceaux favoris
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Le CAPEDS reflète la joie de vivre des enfants malgré leur lourd passé

Non loin d’elle, nous avons rencontré une jeune togolaise de 16 ans qui vient d’atterrir au centre une semaine auparavant. Il nous raconte avec amertume son aventure de trois jours depuis le Togo avec 35 personnes à bord d’une pirogue pour venir au Gabon. Arrivés au port, ils ont été rattrapés par la police laissant son objectif derrière, celui de retrouver sa sœur qui a fait sa vie au Gabon

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