Malnutrition: ce qu'il faut éviter
Prendre tout d'abord une mère aussi petite que possible -- probablement
malnutrie elle-même pendant son enfance. Tout aliment supplémentaire
qu'elle pourra recevoir durant sa grossesse sera utilisé par son
métabolisme pour pallier sa déficience chronique en énergie
plutôt que pour nourrir le bébé attendu.
Si la future mère continue à travailler dur, en ne recevant
qu'une alimentation insuffisante et peu variée, les chances seront
grandes que l'enfant ait un poids de naissance trop faible. Il est à
peu près certain qu'à ce moment-là, la mère
sera anémiée. Le risque d'accouchement prématuré
et d'insuffisance pondérale du bébé empire avec de
fréquents épisodes de maladie, le paludisme, les infections
génitales, les violences physiques et mentales, l'exposition à
la fumée de tabac et des foyers domestiques.
Après l'accouchement, la malnutrition de la mère peut réduire
la teneur en micronutriments de son lait. Retarder de 48 heures la première
tétée diminuera l'abondance de la lactation, et empêchera
l'enfant de recevoir le colostrum, ce fluide jaunâtre qui précède
le lait normal et protège contre l'infection.
A partir de ce moment, l'enfant qui est allaité irrégulièrement
ou pas du tout par sa mère sera privé à la fois du
meilleur aliment qui lui convienne et d'une source de protection contre
les infections communes. Si, de plus, il est nourri avec une poudre de lait
diluée à outrance avec de l'eau douteuse, dans un biberon
non stérilisé, on verra s'instaurer un cycle de faible croissance
et d'infections fréquentes.
Photo: Malgré tout l'amour qu'une mère porte
à ses enfants, il lui est absolument impossible de leur donner des
soins de qualité si elle est pauvre et opprimée, analphabète
et peu informée, anémique et malade... ©
Ce risque d'infection et de mauvais développement s'accroît
si l'on introduit trop tôt dans le régime de l'enfant des aliments
solides, et en particulier une bouillie aqueuse de faible valeur énergétique.
Lorsqu'en outre le bébé reste à l'écart des
centres de santé et des points de vaccination, la probabilité
augmente qu'il fasse des infections à répétition, trop
rapprochées pour lui laisser le temps, entre deux épisodes,
de se rétablir correctement et de rattraper une croissance normale.
La rougeole et la diarrhée, notamment, ont le don d'enlever tout
appétit à l'enfant et d'enrayer la croissance, en particulier
dans les cultures qui mettent à la diète un enfant malade
et l'empêchent de boire s'il a une diarrhée. Le processus sera
accéléré en cas de manque d'hygiène dans l'environnement
immédiat de l'enfant, surtout quand il n'y a ni eau pure ni assainissement
convenable.
Si la mère continue à ne prendre pour elle que la dernière
et la plus petite ration aux repas, elle risque fort de n'avoir pas assez
de réserves de graisse pour un allaitement adéquat, et guère
d'énergie pour soigner son bébé. Si en outre elle doit
s'occuper de six ou sept autres enfants, sans aide de son mari ou partenaire,
et travailler en dehors de chez elle, il lui sera pratiquement impossible
d'assurer le type de soins dont tous les enfants ont besoin pour un développement
harmonieux.
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