Enrichir les aliments
La vitamine A pourrait éviter entre un quart et un tiers des décès
d'enfants dans de nombreux pays en développement, ce qui épargnerait
chaque année de un à trois millions de vies. Elle pourrait
également conserver la vue à des centaines de milliers d'enfants.
Une autre carence nutritionnelle, la carence en fer, entrave le développement
de la moitié des jeunes d'Afrique et d'Asie du Sud.
Le problème ne se limite pas aux enfants; dans le monde en développement,
quelque 40 % des femmes sont anémiées, et la proportion dépasse
50 % pour les femmes enceintes (ce qui augmente le risque d'insuffisance
pondérale pour l'enfant, et de décès pour la mère).
Le fer et la vitamine A sont peu coûteux, et il n'en faut que très
peu. Le problème est de faire parvenir ces micronutriments jusqu'à
ceux qui en ont besoin.
De nombreux pays distribuent déjà des suppléments de
vitamine A et des comprimés de folate (pour le fer) par l'intermédiaire
des services de santé nationaux. Comme le rapportait en 1995 Le
progrès des nations, 17 pays sont en bon chemin pour atteindre
l'objectif fixé pour l'an 2000 -- un apport adéquat de
vitamine A à 80 % au moins des enfants au-dessous de deux ans. Des
programmes à grande échelle sont maintenant en cours dans
24 autres pays. Dans 35 pays, le problème n'est toujours pas reconnu,
ou n'est pas pris en compte.
Mais après le succès remporté grâce à
l'iodation du sel contre la carence en iode, des pays toujours
plus nombreux s'intéressent à la possibilité d'ajouter
de la vitamine A et du fer à des denrées de consommation courante.
Ce type d'enrichissement des aliments est depuis longtemps pratiqué
dans les nations industrialisées, où l'addition de fer à
la farine, par exemple, a permis de réduire sensiblement l'anémie
dans des groupes vulnérables.
Photo: Peu coûteux, l'enrichissement des aliments
protège des millions de gens. ©
L'enrichissement des aliments est une opération rentable. Quand on
ajoute de petites quantités de vitamine A et de fer à des
produits courants comme la farine de blé ou de maïs, ou le sucre,
le coût supplémentaire -- après l'investissement
initial -- est si minime qu'on peut généralement le mettre
à la charge du consommateur, assurant ainsi la continuité
du programme. De ce fait, il est possible de toucher une masse de gens sans
imposer une charge nouvelle à des services de santé qui ont
déjà atteint leurs limites. L'enrichissement des aliments
ne saurait remplacer, pour les plus exposés, les programmes de supplémentation
directe, mais il peut constituer une base qui augmentera l'efficacité
de ces programmes.
Pour l'iodation du sel, la clé du succès se trouve dans le
partenariat entre le gouvernement, l'industrie alimentaire et les organismes
d'aide. C'est pourquoi des représentants des raffineries de sucre
et de divers gouvernements africains et asiatiques se sont rendus en 1996
au Guatemala pour y voir comment on a réussi à enrichir en
vitamine A la plus grande partie du sucre consommé dans le pays.
Différents pays d'Afrique orientale et australe envisagent d'imiter
le Venezuela, et d'enrichir la farine de maïs en fer et en vitamine
A.
18 pays enrichissent des aliments
Les pays en développement ci-dessous enrichissent en vitamine A et/ou
en fer des aliments de base largement consommés par des populations
exposées aux carences
| Aliments enrichis en |
| Vitamine A | Fer |
Bolivie* | Sucre
| -- |
Botswana | Tsabana** | -- |
Brésil* | Sucre | -- |
Chili | -- | Farine blé |
Egypte*** | -- | Farine blé |
El Salvador | Sucre
| Farine blé |
Grenade | -- | Farine blé |
Guatemala | Sucre
| Farine blé |
Honduras | Sucre | -- |
Inde*** | Lait de vache
| -- |
Jamaïque | -- | Farine blé |
Kirghizistan | -- | Farine blé |
Mexique*** | Boisson chocolatée | Boisson chocolatée |
Pakistan | Graisse de cuisine
| -- |
Philippines | Margarine
| -- |
St. Vincent/Grenadines | -- | Farine blé |
Sri Lanka | -- | Farine blé |
Venezuela | Farine de maïs | Farine maïs Farine blé |
* Programme pilote
** Aliment spécial pour jeunes enfants
*** Dans certaines régions
Programme pilote: le sucre enrichi est consommé par des milliers
de personnes dans des secteurs géographiques limités; si les
résultats sont bons et le coût raisonnable, le programme sera
élargi.
Seuls sont cités ici les aliments consommés par une forte
proportion des populations exposées aux carences. D'autres peuvent
être également enrichis en micronutriments, par exemple des
casse-croûte, des produits laitiers et des boissons, mais ils ne sont
pas de grande consommation dans les groupes les plus exposés.
On y pense...
Pays en développement qui étudient actuellement la possibilité
d'enrichir des aliments en vitamine A ou en fer
Afrique du Sud | Namibie |
Bangladesh | Nigéria |
Brésil | Oman | |
Equateur | Pap.-Nlle-Guinée |
Ethiopie | Pérou |
Inde | Philippines |
Indonésie | R. dominicaine |
Iran, R. islamique d' | R.-Unie de Tanzanie |
Kazakstan | Viet Nam |
Kenya | Zambie |
Malawi | Zimbabwe |
Maroc | |
Le Brésil, l'Inde et les Philippines figurent également
dans ce tableau parce qu'ils étudient la possibilité d'enrichir
des aliments autres que ceux mentionnés ci-contre.
SOURCE: informations fournies par les bureaux extérieurs de l'UNICEF
et la Section de la nutrition de l'UNICEF, février 1996.
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