
Introduction: quelles ressources
pour quels résultats?
Chaque année, Le progrès
des nations souligne à quel point les rapports entre croissance
économique et progrès social sont loin d'être automatiques.
Certains pays font beaucoup plus pour leurs enfants en matière de
santé, de nutrition et d'éducation que d'autres pays dont
le niveau de revenu est cependant bien plus élevé.
Comment expliquer ces disparités?
De toute évidence, les raisons historiques et culturelles sont importantes,
de même que la stabilité politique et le sens des responsabilités
des gouvernements vis-à-vis de leur population. Mais il existe un
autre lien de causalité entre les ressources et les résultats,
qui est trop important pour qu'on l'ignore. Il s'agit du réalisme
et de l'honnêteté avec lesquels chaque pays évalue sa
situation et tire les leçons des expériences passées
en matière de développement.
Les efforts entrepris dans les années 50 pour battre en brèche
la malnutrition, la maladie et l'analphabétisme ont permis de grands
succès, à l'échelon mondial. Certains d'entre eux --
l'éradication de la variole et la survie de 20 millions d'enfants
depuis 1980 grâce à la vaccination, à la thérapie
par réhydratation orale et à d'autres mesures simples --
sont d'une valeur incommensurable. Mais en cette époque essentiellement
préoccupée de rentabilité et marquée par le
doute et le cynisme à l'égard des efforts de développement,
il est important de bien comprendre certains faits.
Les résultats déjà obtenus nous enseignent que nous
ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde quand il s'agit d'améliorer
la vie des plus défavorisés. Nous tous qui sommes concernés
par l'idée de progrès devons constamment nous remettre en
question, ainsi que nos conceptions et nos méthodes. Nous devons
regarder avec la même honnêteté et le même sens
des réalités les faiblesses et les forces de nos approches,
et tirer parti des expériences passées pour transformer l'avenir.
Photo: Engageons-nous à défendre les
droits des pauvres pour obtenir de meilleurs résultats avec les mêmes
ressources. ©
Nous espérons ainsi que cette nouvelle édition du Progrès
des nations proposera, comme les précédentes, des défis.
Nous en sommes persuadés. Elle fournit de multiples exemples de progrès
à travers des diagrammes, des classements, des articles. Les auteurs
des présentations thématiques exposent des opinions indépendantes;
les lecteurs y trouveront matière à réagir, à
s'émouvoir et à applaudir.
Les deux premières présentations, sur la malnutrition chez
les enfants et sur la mortalité maternelle, illustrent ce propos.
Améliorer la nutrition des jeunes enfants est une affaire complexe
qui généralement n'a pas grand-chose à voir avec la seule fourniture d'aliments en quantité
suffisante (voir section sur la nutrition). On a déjà fait beaucoup
à cet égard, mais pour progresser réellement, le monde
va devoir répondre d'urgence à certaines questions avec une
grande honnêteté et un engagement renouvelé, soulignent les auteurs. C'est une révolution
identique et aussi nette qui s'impose pour réduire la mortalité maternelle et alléger
la somme énorme de souffrances qui l'accompagnent. Un grand nombre
de ces décès, une grande partie de ces souffrances --
qui doivent faire honte à l'humanité -- peuvent désormais
être évités.
Les connaissances et l'expérience dont nous disposons aujourd'hui
sont précieuses, plus encore que les technologies nouvelles.
D'un point de vue financier, les ressources nécessaires sont infimes
comparées à l'ampleur des avantages qu'on en retirera. Mais
l'expérience n'a pas de prix: nous espérons que les lecteurs
pourront tirer profit des leçons, certaines amères, rapportées
dans l'édition 1996 du Progrès des nations.
Carol Bellamy
Directeur général de l'UNICEF
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