Les familles syriennes fuient les combats autour de Rakka alors que les besoins humanitaires augment

L’aide humanitaire dans la région est très limitée depuis trois ans et les enfants ont énormément souffert

Par Yasmine Saker and Delli Souliman
UNICEF/UN039551/Soulaiman
17 novembre 2016

AÏN ISSA/DAMAS, République arabe syrienne, 17 novembre 2016 – Fatima a été réveillée en pleine nuit par le bruit furieux des combats et des tirs d’obus dans son village, non loin de Rakka. Elle a eu le temps d’attraper quelques affaires avant de partir avec ses sept enfants vers le désert.

« Nous avons attendu l’aube pour nous diriger vers Aïn Issa », explique cette mère de 37 ans. « Je voulais nous sauver, mes enfants et moi. »

Tout comme Fatima, plus de 5 000 personnes ont fui leur maison la semaine dernière pour échapper aux combats étant donné l’intensification des opérations militaires observée dans la ville de Rakka, contrôlée par l’EI.

L’UNICEF et ses partenaires estiment qu’environ 175 000 enfants pourraient être touchés par cette violence.

Les enfants de Rakka ont déjà énormément souffert ces trois dernières années. L’accès à la région est fortement limité en raison de l’insécurité et des restrictions sur les livraisons d’aide humanitaire. Le dernier convoi d’aide des agences des Nations Unies est arrivé à Rakka en octobre 2013.

UNICEF/UN039557/Soulaiman

Les familles déplacées, qui se composent pour la plupart de femmes, d’enfants et de personnes âgées se dirigent vers Aïn Issa, à environ 50 km au nord de la ville de Rakka. À l’approche de l’hiver, elles ont urgemment besoin de nourriture, d’eau et de couvertures.

La terrible détresse des enfants de Rakka

Les familles déplacées, qui se composent pour la plupart de femmes, d’enfants et de personnes âgées ont été rassemblées à l’arrière de camions avec le peu d’affaires qu’elles avaient réussi à prendre avec elles. Certaines personnes emportaient des matelas et des couvertures tandis que d’autres menaient leur bétail : des chèvres, des vaches et des moutons notamment.

« En route, j’avais si peur quand j’entendais tirer », raconte Ahmed, 13 ans, qui a dû quitter sa maison pieds nus. « J’ai cru que j’allais mourir », ajoute-t-il alors que lui et sa famille approchent de la ville d’Aïn Issa, le principal point de passage de ces familles déracinées, situé à quelque 50 km au nord de la ville de Rakka.

Alors que certains ont pu trouver refuge auprès de proches dans les villages des alentours, d’autres, comme Suad, 26 ans, logent temporairement dans un vieil entrepôt.

« Il nous faut de la nourriture, de l’eau et des couvertures », réclame Suad avant d’expliquer : « Nous sommes dans le désert ici, il fait très froid ».

Elle se remémore le périple dangereux qu’elle a effectué avec sa famille. « La route était très mauvaise. Quand nous étions en plein désert, nous avons entendu des avions et des bombardements et nous avons eu très peur », raconte-t-elle. « Les enfants ont commencé à pleurer et nous avons pris de la poussière dans les yeux. »
  

Répondre aux besoins les plus pressants des enfants

Alors que la situation n’est pas encore stabilisée autour de Rakka, l’UNICEF est en train de prépositionner des fournitures dans divers sites afin d’offrir une aide essentielle aux enfants déplacés et à leur famille.

« Il est primordial que les enfants qui fuient cette violence soient protégés et puissent satisfaire leurs besoins élémentaires aussi vite que possible », explique Hanaa Singer, Représentante de l’UNICEF en Syrie. « Ces enfants ont déjà traversé de nombreuses épreuves et avec l’arrivée rapide de l’hiver, nous devons aussi les protéger du froid intense. »

L’UNICEF réclame des fonds supplémentaires d’urgence pour que les enfants puissent recevoir l’ensemble des services dont ils ont désespérément besoin.

L’UNICEF prépare actuellement des colis de fournitures destinés à apporter des vêtements et des couvertures thermiques ainsi que des kits essentiels d’hygiène et de soins médicaux. Des micronutriments, des aliments thérapeutiques et des vaccins pour améliorer l’alimentation et la santé de ces enfants seront également disponibles. Pour apporter une eau sûre et réduire les risques de contagion par des maladies transmises par l’eau, de l’eau sera acheminée par camion, les réseaux seront réparés et des programmes de chloration seront mis en œuvre.

Des supports pour des activités psychosociales, ainsi que des kits récréatifs et éducatifs seront également fournis pour aider les enfants à reprendre leur apprentissage et à retrouver un peu de normalité dans leur vie.