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ESARO ÉTHIOPIE : REPORTAGE

© UNICEF Éthiopie /2008

Shinote Nute, quatre ans, reçoit un traitement contre la malnutrition sévère, dans un centre de santé ambulatoire soutenu par l’UNICEF dans la partie rurale du Sidama. Les agents de santé sont également formés à déceler et traiter les cas de malnutrition lors de leurs visites dans les familles.

ALORS QUE LA CRISE PERSISTE, LES AGENTS DE SANTÉ APPORTENT UN SOUTIEN
À LA GESTION DE LA MALNUTRITION

Fikre Berhanu affirme que les familles avec lesquelles elle travaille n’ont pas assez à manger. Après une sécheresse qui a dévasté les réserves alimentaires, les pluies récentes ont amené un répit à certains. Mais dans beaucoup de familles, les fournitures alimentaires demeurent d’une faiblesse alarmante. « Dans l’ensemble, il y a une pénurie », déclare Fikre Berhanu. Cela semble confirmé par l’air exténué des visages des nombreuses mères et enfants attendant d’être traités dans cette clinique communautaire rurale du sud de l’Éthiopie.

Dans la pièce, la collègue de Fikre Berhanu, Meseret Bayena, est en train de parler à la mère de Sambata Shubo, un an. La petite fille est l’une des 53 patients recevant un traitement ambulatoire contre la malnutrition. Alors qu’elle écoute, Antay Woto nourrit sa fille d’un aliment thérapeutique à base d’arachide riche en nutriments. Fikre Berhanu et Meseret Bayena sont des agents de vulgarisation sanitaire qui ont récemment été formées pour reconnaître et traiter la malnutrition. Elles gèrent un centre thérapeutique de jour de l’UNICEF situé dans le dispensaire de Sheluabore. Leur travail consiste à faire des surveillances nutritionnelles et distribuer des aliments thérapeutiques et des médicaments de première urgence.

Parce que de nombreux patients habitent près de la clinique, Fikre Berhanu et Meseret Bayena peuvent également suivre les progrès des patients grâce à des visites à domicile hebdomadaires. Avoir une clinique dans le secteur a permis aux familles de disposer plus facilement de soins de routine et d’urgence. L’intérêt d’un programme thérapeutique ambulatoire est que les mères n’ont plus besoin de parcourir de longues distances et que les agents peuvent régulièrement s’occuper du suivi des familles. « C’est proche de la maison », affirme Shaya Asindua Ibrahim, la responsable de l’équipe de l’UNICEF dans la Région des nations, nationalités et peuples du Sud, en Éthiopie.

Fikre Berhanu et ses collègues – à ce jour 24 600 agents de vulgarisation sanitaire ont été formés et répartis dans tout le pays – sont les prestataires de service clés du Programme national de vulgarisation sanitaire, une intervention revêtant de multiples aspects et lancée en 2004 par le ministère fédéral de la Santé dans le but d’élargir l’accès aux prestations médicales de base pour les mères et les enfants. Comme la plupart des agents de vulgarisation sanitaire, Fikre Berhanu est originaire de la communauté à laquelle elle se consacre. Quand le programme sera complètement mis en place, chaque clinique sera cogérée par deux agents de vulgarisation sanitaire qui offriront ensemble toute une gamme de prestations, dont des soins prénatals et une aide nutritionnelle ainsi qu’une aide pour les vaccinations, la planification familiale, l’hygiène et l’assainissement.

Dans l’intention de décentraliser le traitement de la malnutrition, un cours complémentaire sur la gestion de la malnutrition a été ajouté aux cours de base du Programme de base de vulgarisation sanitaire. Outre les conseils sur la nutrition donnés aux familles, les agents se consacrent aujourd’hui à la surveillance de cas de malnutrition et de maladies qui lui sont liées et agissent en fonction de ce qu’ils découvrent. Les agents de vulgarisation sanitaire procèdent à une prise en charge directe sous forme d’alimentation thérapeutique et de médicaments dispensés à ceux qui peuvent être traités sur place et dirigent ceux nécessitant une prise en charge urgente vers des centre médicaux ou hôpitaux.
 
Fikre Berhanu, qui est agent de vulgarisation sanitaire depuis un an et demi, a récemment achevé le programme complémentaire. « La formation m’a beaucoup aidée, dit-elle, et je me sens prête à donner à chaque patient la quantité exacte d’aliments thérapeutiques, une quantité déterminée grâce aux résultats de l’examen nutritionnel. »

Dans certains secteurs de Sidama, l’extension des prestations a favorisé le déclin de la gravité des cas par rapport à il y deux mois. Le Gouvernement éthiopien avait alors estimé que 75 000 enfants étaient directement touchés par la malnutrition sévère aiguë. Cependant, alors que la capacité d’intervention de l’UNICEF et de ses partenaires a augmenté, le nombre général d’enfants ayant besoin d’être traités contre la malnutrition continue d’augmenter.

Les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et les médicaments, comme ceux fournis par l’UNICEF, constituent un moyen très efficace de restaurer l’équilibre nutritionnel des enfants. Mais de nombreux enfants sont renvoyés des centres de récupération dans des foyers où il n’y a tout simplement pas assez à manger. Conséquence, certains établissements font état d’une augmentation des réadmissions dans les centres de récupération nutritionnelle. Au cours des 15 dernières années, l’Éthiopie a réalisé d’énormes progrès en matière de survie de l’enfant, cela grâce en partie à des stratégies à long terme comme le Programme de vulgarisation sanitaire. Mais ces progrès sont compromis par la combinaison meurtrière de la sécheresse, des conflits et des bouleversements des marchés qui ont provoqué une très forte augmentation de l’alimentation de base.