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WCARO CÔTE D’IVOIRE: REPORTAGE

Vaincre le SIDA avec la communauté, un combat à vie

© UNICEF Côte d'Ivoire/2007/Trazie

En Côte d’Ivoire, des bénévoles participent à une réunion hebdomadaire pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Ces réunions sont organisées par l’ONG Développement Initiative-Afrique, avec l’aide de l’UNICEF.

Bernadette Gouéhi a 30 ans. Elle est volontaire en charge de la mobilisation communautaire pour la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, participe aux rencontres hebdomadaires pour les agents de sensibilisation de la population menées par l’ONG IDE-Afrique (Initiative Développement Afrique).

Assise sur un banc parmi ses collègues, avec sa fille de huit mois sur les genoux, elle écoute attentivement les instructions données par Clémentine, coordinatrice de 40 ans au dynamisme contagieux.

Bernadette nous parle de ses activités de sensibilisation communautaire : « Au cours de discussions ou de visites privées, nous sensibilisons les jeunes et les femmes, enceintes ou non, au problème du SIDA. Nous leur expliquons le risque que représente le VIH et la nécessité de faire le test avant et pendant la grossesse afin d’éviter de transmettre le virus au bébé. » Elle soutient le programme et accomplit sa mission avec beaucoup de courage et de motivation. Elle connaît le sujet : elle est séropositive.

Bernadette se souvient : « C’est quand l’agent de sensibilisation IDE m’a suggéré de faire le test de leur programme de prévention de transmission mère-enfant que j’ai découvert que j’étais séropositive. Suite à cette expérience douloureuse, j’ai décidé de devenir volontaire pour la sensibilisation du public au sein de cette ONG. Comme ma santé le permet, je fais de la sensibilisation auprès des femmes dans le village. »

La plupart des femmes qui s’occupent de la mobilisation communautaire chez IDE-Afrique sont séropositives. C’est notamment le cas de Clémentine qui, malgré la découverte de sa maladie il y a six ans, demeure active au sein du programme de prévention.

C’est grâce au soutien financier, matériel et technique de l’UNICEF que l’ONG IDE-Afrique peut mener ses activités de sensibilisation communautaire et offrir soins et soutien aux enfants orphelins à cause du SIDA et aux autres enfants vulnérables de la région des 18 Montagnes.

Cette région à l’ouest de la Côte d’Ivoire a été particulièrement touchée par quatre années de conflit. Elle a vu beaucoup d’atrocités, de violences et d’abus sexuels, en particulier à l’encontre des femmes et des enfants.

Albert Seu, directeur d’IDE-Afrique, explique : « Le conflit a aggravé la situation sanitaire de la région. La ville de Man n’a aucune structure capable de procurer des soins médicaux et de soutenir les personnes infectées ou affectées par le SIDA. Il est donc d’autant plus difficile d’accéder à de bons soins de santé primaires. Il y a également de fréquentes pénuries dans l’approvisionnement d’antirétroviraux et de trousses de dépistage du VIH aux centres de santé régionaux. »

Parce qu’elle n’avait pas les ressources nécessaires, Bernadette a dû abandonner l’école très tôt. Sa scolarisation avortée ainsi que sa santé précaire représentent des obstacles majeurs pour s’investir dans une quelconque activité rémunérée. Comme de nombreuses femmes des régions rurales qui n’ont pas été scolarisées ou ont quitté l’école trop tôt, elle dépend du salaire de son mari et donc des décisions de ce dernier. « Je suis financièrement dépendante de mon mari, qui est agriculteur. Avec ce qu’il gagne, il n’est pas facile de nourrir la famille au quotidien, et encore moins de payer mes médicaments », explique-t-elle.

Dans la région des 18 Montagnes, le faible revenu des populations rurales rend l’accès aux soins et au soutien complexe pour les séropositifs. La population régionale moyenne a les moyens de s’acheter les médicaments antirétroviraux (environ 1 000 CFA par mois) mais pour ces villageois les médicaments représentent  souvent plus de la moitié du budget familial mensuel.

Parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique subsaharienne, la Côte d’Ivoire est la plus affectée, avec un taux de prévalence du VIH alarmant de 4,7. À partir de 2008, l’UNICEF contribuera à l’achat d’antirétroviraux à hauteur de 5 millions de dollars américains, grâce au projet UNITAID (taxe sur les billets d’avion). Le Dr Jean Konan, de l’UNICEF, a déclaré au cours d’une session de sensibilisation d’IDE-Afrique : « Les médicaments seront directement envoyés aux unités de soins pour s’assurer que les patients accèdent facilement aux traitements. »

C’est là une réelle lueur d’espoir pour Bernadette et ses collègues. « Voilà pour moi une autre raison de continuer à me battre. » Elle ajoute, avec un large sourire : « Peut-être que nous arriverons à éradiquer le SIDA de la région des 18 Montagnes ! »

* Le total comprend un taux de recouvrement maximal de 7%. Le taux réel de recouvrement pour les contributions sera calculé conformément à la décision 2006/7 du Conseil d’administration du 9 juin 2006.