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ESARO ANGOLA: REPORTAGE

Le choléra continue à faire des victimes en Angola

© UNICEF Angola/2007/Meneses

Une solution de traitement de l’eau est distribuée aux familles dans les zones où sévit le choléra dans la commune de Viana, à Luanda, en Angola.

Une petite fille de deux ans, enveloppée dans un tissu coloré traditionnel, vient d’arriver dans un centre de soins contre le choléra à Luanda. Sa mère, Domingas Vertis, a eu la présence d’esprit de vaporiser du désinfectant sur la semelle de ses sandales, de se laver les mains et de s’essuyer les pieds sur un paillasson stérilisé avant de remettre son enfant à l’infirmière et aux aides-soignants. Tout cela, elle l’avait déjà fait en avril dernier, au moment de la première saison des pluies. À cette époque, elle et son fils de cinq ans souffraient de vomissements, de diarrhée et de déshydratation. Comme elle avait entendu parler du choléra par une annonce publique de l’UNICEF à la radio, Domingas s’était rendue à ce centre spécialisé dans le traitement du choléra à Boavista, un ghetto de la banlieue de Luanda, la capitale de l’Angola.

C’est là-bas qu’ils avaient eu accès à des soins médicaux et sanitaires qui leur avaient sauvé la vie, sans compter le suivi continu par le personnel médical. Le traitement des patients atteints du choléra au niveau national a représenté une intervention majeure du Ministère de la santé soutenu par l’UNICEF et l’OMS.

Les patients ont cependant tendance à recourir trop tard à l’assistance médicale. Si le choléra n’est pas détecté suffisamment tôt ni soigné correctement, il peut devenir mortel dans les heures qui suivent l’apparition des symptômes. Contrairement à Domingas, nombreux sont ceux qui n’ont pas les ressources ou connaissances nécessaires pour recourir à l’assistance médicale.

Le choléra peut se propager rapidement dans des contextes de surpopulation, particulièrement là où l’assainissement est insuffisant et où l’accès à l’eau potable et à l’hygiène est limité. Neuza Chipango, infirmière-chef au centre de traitement anti-choléra de Boavista, exprime son inquiétude. « En avril 2006, en pleine poussée de choléra, l’hôpital avait installé cinq tentes mais cette capacité demeurait insuffisante. Nous avons dû traiter des patients par terre tant ils étaient nombreux », se souvient-elle. Depuis fin février 2006, 83 986 cas de choléra ont été déclarés dont 3 157 décès sur l’ensemble des 18 provinces d’Angola (à l’exception de deux).

Le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires des Nations Unies a subventionné l’UNICEF et l’OMS pour soutenir les mesures nationales de contrôle du choléra prises par le Ministère de la santé et le Ministère de l’énergie et de l’eau et ainsi sauver des vies. On a de ce fait pu mettre en place un système de chloration de l’eau dans les régions les plus touchées. Quelque 200 000 personnes en bénéficient aujourd’hui à Luanda. Dans les autres provinces, des milliers de foyers ont reçu des trousses pour la purification de l’eau et du savon. Cela a également permis de mettre en place des formations du personnel au diagnostic et à la prise en charge du choléra ainsi que de positionner les traitements et médicaments essentiels pour le choléra. Des messages de sensibilisation ont été diffusés à la télévision, sur les stations radiophoniques et les chaînes de télé locales, touchant près de 4,8 millions de personnes.

Mais cela ne suffit pas. À ce jour, moins de 40 % de la population angolaise a accès à l’eau salubre. Aujourd’hui, Domingas Vertis déclare que son fils et elle ne présentent plus de symptômes du choléra. Mais alors que les quatre infirmières et aides-soignants administrent à sa fille une solution intraveineuse, l’inquiétude marque à nouveau son visage. Il ne lui reste qu’à espérer qu’elle a amené sa fille à l’hôpital à temps.

* Le total comprend un taux de recouvrement maximal de 7%. Le taux réel de recouvrement pour les contributions sera calculé conformément à la décision 2006/7 du Conseil d’administration du 9 juin 2006.