Un plein bagage de potentiel
Grâce aux kits scolaires de l’UNICEF, les enfants vénézuéliens disposent des outils nécessaires pour se concentrer sur leur avenir.

MARACAIBO, Venezuela – Cette année scolaire qui commence est l’occasion pour les enfants de retrouver leurs camarades de classe, de se faire de nouveaux amis et, bien entendu, d’apprendre. Toutefois, pour les enfants qui entrent à l’école au Venezuela ce mois-ci, ce moment ouvre une autre perspective : celle de leur avenir.
La situation intérieure au Venezuela ne va pas en s’améliorant. Résultat : les enfants les plus vulnérables sont déscolarisés et ainsi privés, pour la plupart, d’un environnement sûr propice à l’apprentissage et à la socialisation. Pour faire reculer les taux d’abandon scolaire au sein des familles qui peinent à joindre les deux bouts et pour que la vie retrouve un semblant de normalité bien mérité, l’UNICEF fournit aux enfants des fournitures essentielles à leur scolarité.
Parmi les bénéficiaires de ces kits de retour à l’école figurent Valeria et Manuel. Frère et sœur, ils vivent à Maracaibo, la deuxième plus grande ville du Venezuela. L’UNICEF a passé une journée en leur compagnie pour mieux comprendre leurs besoins quotidiens, déterminer l’aide que ces kits leur apportent… et savoir ce qui les fait rêver.
Ci-dessus : Valeria, 10 ans, fréquente l’école l’après-midi, au moment où sa maison est généralement privée d’électricité dans une ville sujette aux coupures de courant. Pour les enseignants de l’école Fe y Alegría Manzanillo, la situation n’est toutefois pas facile à gérer : leur établissement est, lui aussi, victime de cette pénurie d’électricité, d’où la nécessité de raccourcir la journée d’école pour que les enfants ne restent pas cloîtrés dans des salles de classe étouffantes.

Aujourd’hui, néanmoins, une surprise attend Valeria et ses camarades : un kit scolaire de l’UNICEF comprenant des cahiers, des crayons et d’autres fournitures élémentaires.

Pendant ce temps, du haut de ses 8 ans, Manuel a dessiné la salle de classe idéale à ses yeux… avec trampolines, déguisements et ordinateurs pour remplacer tout le matériel volé dans son école. Et ce n’est pas fini ! Quelques minutes plus tard, il complète son dessin avec une climatisation.

Il fait chaud aujourd’hui : la température extérieure frôle les 45 °C. Valeria et Manuel racontent qu’ils vont parfois étudier dehors lorsque le mercure grimpe trop dans la classe. Toutefois, la chaleur ne les empêche pas de jouer aussi après l’école.

Valeria se réjouit de faire admirer à ses copines les premiers dessins qui égaient son tout nouveau cahier. Si elle est contente de partager ce moment entre amies, la tristesse l’envahit malgré tout lorsqu’elle pense aux camarades à qui elle a dû dire au revoir et dont certains ont même quitté le pays. « Quand je suis arrivée à l’école, ma meilleure amie n’était pas là », dit-elle en se remémorant son premier jour de classe au semestre dernier. « Elle était partie en Colombie », précise-t-elle, ajoutant qu’un de ses professeurs avait également quitté son poste.

Avec la pénurie de carburant, il n’est pas facile de se faire conduire à l’école. Il faut donc s’y rendre à pied, soit 30 minutes de marche à l’aller et au retour. « Nos enseignants ont modifié les horaires d’école, donc nous travaillons uniquement de 13 heures à 16 heures », explique Valeria. « Avant, nous restions jusqu’à 18 heures, mais sans électricité, les rues étaient trop sombres à la sortie des classes. C’était dangereux de rentrer à pied. »

Dès qu’il arrive chez lui, Manuel se dirige vers la cuisine pour boire un verre d’eau. La chaleur n’est pas le seul problème à la maison : les coupures d’eau sont fréquentes, elles aussi. Sa famille a une grande cuve souterraine pour stocker l’eau, ainsi que plusieurs réservoirs disséminés dans les différentes pièces. La livraison d’eau potable est effectuée une fois par mois environ, donc il faut veiller à ne pas épuiser trop vite les réserves.

En raison de l’humidité ambiante, la chaleur persiste durant la nuit à Maracaibo. Lorsqu’il y a une coupure de courant, la maison devient parfois si étouffante que la famille se voit contrainte de sortir ses matelas et de dormir dehors. Difficile de passer une bonne nuit, car ce n’est pas très confortable. Et le lendemain, les enfants sont fatigués en classe.

Valeria déclare qu’elle veut remplir les pages de son nouveau cahier de « centaines de dessins » et y écrire des choses en anglais. Elle espère avoir l’occasion d’apprendre une deuxième langue… et rêve d’en savoir plus sur le reste du monde.