Les transferts d’espèces d’urgence, une bouée de sauvetage pour les familles yéménites
Alors que le conflit fait rage au Yémen, les transferts d’espèces sont la seule source de revenus de nombreuses familles parmi les plus vulnérables.

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Yémen, le 23 juillet 2018 – La guerre au Yémen est responsable de l’une des pires crises humanitaires au monde, avec un impact dévastateur sur les enfants et les familles les plus vulnérables. Dans le cadre de son intervention, l’UNICEF fournit des transferts d’urgence inconditionnels en espèces à un million et demi de familles environ, touchant ainsi 9 millions de personnes selon les estimations.
Nombre de ces familles n’ont pas d’autre source de revenus, et dépendent exclusivement de cette aide pour se procurer des biens de première nécessité comme de la nourriture, des médicaments et des fournitures scolaires.
Ces transferts leur ont permis d’envoyer de nouveau leurs enfants à l’école, et même de lancer des microentreprises au sein de leurs communautés.
Amat Alrahman, 20 ans, vit avec 14 membres de sa famille dans une petite maison héritée de son grand-père. Le père d’Amat était le principal soutien de famille. À sa mort, ses proches ont été privés de revenus.
« Les allocations que nous versait le Fonds de protection sociale avant la guerre nous aidaient à subvenir aux besoins essentiels de notre foyer. Quand nous avons arrêté de toucher ces aides, nous avons beaucoup souffert », raconte-t-elle. La plupart des enfants de la famille n’ont jamais été scolarisés, par manque de moyens.
Les transferts d’espèces d’urgence ont constitué un tournant dans la vie de la famille. « Ma tante et moi avons rassemblé l’argent que nous avions reçu pour acheter une machine à coudre d’occasion et lancer notre microentreprise à domicile », explique Amat. L’une coud les vêtements, l’autre les brode : « Nous avons maintenant l’espoir d’une vie meilleure. »

Saleh Saleh al-Shami, 35 ans, est l’heureux père de quatre enfants : « Je passe la plupart de mon temps libre à la maison avec mes enfants. Fonder une famille, c’est un rêve devenu réalité. »
Saleh est fonctionnaire dans l’administration locale, mais comme beaucoup d’autres employés du secteur public, il ne touche plus de traitement : « La guerre a entraîné la suspension du versement des salaires et des allocations du Fonds de protection sociale. Nous n’avons pas perçu un seul riyal yéménite ces trois dernières années. »
Les aides pécuniaires versées à sa famille lui permettent de répondre aux besoins les plus pressants : « Depuis ce matin, ma femme et mes enfants me demandent de leur acheter des légumes. Je suis parti de chez moi sans rien dans les poches, si ce n’est l’espoir de recevoir cette aide en espèces. »

Salwa Sadam est une mère célibataire issue de l’une des communautés les plus pauvres et les plus marginalisées du gouvernorat d’Aden, au Yémen. Après son divorce, il y a deux ans, Salwa s’est retrouvée seule pour s’occuper de ses trois enfants et subvenir à leurs besoins.
Le maigre salaire qu’elle tire de quelques menus ménages disparaît rapidement dans les dépenses de nourriture et la couverture d’autres besoins immédiats. Dans l’impossibilité de payer les frais de scolarité de ses enfants, elle a dû se résoudre à les retirer de l’école.
Toutefois, lorsqu’elle a commencé à recevoir les transferts d’espèces, elle a pu leur acheter des uniformes d’occasion et couvrir les autres dépenses liées à leur scolarité de sorte qu’aujourd’hui, ils sont de retour en classe. « Une petite somme fait déjà une grande différence pour nous », déclare‑t‑elle.

Umm Mohammed vit avec son mari et ses quatre enfants. Lorsque celui-ci a perdu son emploi à cause de la guerre, la famille s’est trouvée dans l’incapacité de subvenir à ses besoins les plus élémentaires.
« Mon fils Mohammed est un garçon tellement intelligent. Cela m’a brisé le cœur qu’il soit obligé d’arrêter l’école, mais nous ne pouvions plus nous le permettre. » La famille a connu des périodes difficiles, ne subsistant plus qu’avec un seul repas par jour. Mais lorsque son foyer a commencé à recevoir des transferts d’espèces d’urgence, Umm Mohammed a pu monter sa propre activité. « J’ai réussi à réparer ma machine à coudre et j’ai acheté des tissus. Maintenant, la plupart de mes voisins sont aussi mes clients », explique-t-elle.
« Je suis très fier de ma mère qui a affronté beaucoup d’épreuves et ne nous a jamais laissé tomber. »
Son fils Mohammed est de nouveau scolarisé.
« Lorsque ma mère m’a demandé d’arrêter l’école, je n’ai rien dit. Je n’avais pas d’autre choix que d’aller pleurer dans ma chambre. J’étais le premier de la classe. Mais nous étions trop pauvres et n’avions même pas de quoi nous nourrir », raconte-t-il. « Maintenant, les choses ont changé, je retourne à l’école. Je suis très fier de ma mère qui a affronté beaucoup d’épreuves et ne nous a jamais laissé tomber. »