Le Ghana mise sur l’inclusion sociale à l’école
Grâce à un nouveau projet du système scolaire au Ghana, les professeurs sont formés pour identifier et aider les élèves ayant des besoins spécifiques
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ABREM ANKAASE, Ghana, 16 août 2016 – Dès le début de l’année scolaire, l’instituteur, John Sylvester Mensah, avait remarqué que Daniel, âgé de 12 ans, avait du mal à lire ce qui était écrit au tableau. Après avoir discuté avec Daniel, Monsieur Mensah l’a placé au premier rang pour qu’il puisse apprendre au même titre que les autres enfants.
M. Mensah a pu aider à répondre aux besoins de Daniel liés à ses problèmes de vue car il a été formé et sait désormais proposer l’aide et le soutien adaptés aux enfants ayant des besoins spécifiques. Grâce à cette même formation sur l’inclusion à l’école, il a pu s’assurer que Daniel participait bien aux bilans de santé de son école, ce qui lui a permis d’avoir un deuxième avis sur ses problèmes de vue. M. Mensah assure désormais un suivi avec le père de Daniel pour savoir si l’enfant doit faire l’objet de contrôles médicaux plus approfondis dans un hôpital.
Daniel et ses quatre frères sont nés dans un village à environ 30 minutes en voiture de la capitale de la province de Cape Coast. Il est né avec une déficience à l’œil droit, ce qui l’empêche de voir correctement. Au fil des années, ses problèmes de vue ont aussi affecté son travail scolaire.
Dans le passé, un instituteur n’aurait quasiment pas été impliqué dans le bien-être d’un enfant présentant des besoins spécifiques. Monsieur Mensah aurait même certainement perçu Daniel comme un écolier paresseux ou indifférent et l’aurait puni pour ne jamais finir ses devoirs.

Daniel assure les tâches ménagères du week-end devant chez lui. Grâce aux encouragements de Monsieur Mensah, l’assurance-maladie de Daniel a pu être renouvelée et celui-ci attend désormais un nouveau diagnostic pour son œil.
Grâce à ses nouvelles compétences acquises dans le cadre de la formation sur l’inclusion et le soutien des enfants ayant des besoins spécifiques, Monsieur Mensah est devenu un agent proactif du changement dans sa classe au beau milieu de la campagne ghanéenne.
Une transformation à l’échelle du système
Les services d’éducation du Ghana et l’UNICEF travaillent main dans la main pour favoriser ces transformations sociales dans les écoles. Intervenant dans certaines régions, l’UNICEF propose des formations aux instituteurs et collabore avec les chefs d’établissement et les superviseurs du système pour diffuser les principes et méthodologies d’une éducation inclusive. Les formations mettent l’accent sur les manières d’aider efficacement les professeurs à prêter attention aux enfants ayant des besoins spécifiques et à les aider. Grâce à une subvention d’UNICEF Allemagne, tous les enfants de provinces sélectionnées ont pu être examinés pour déterminer s’ils souffraient de problèmes intellectuels, auditifs, visuels ou dentaires susceptibles d’entraver leurs capacités d’apprentissage.
Ebenezer, le père de Daniel, s’exprime : « Je suis ravi de constater que l’école fait attention à nos enfants. Même si je connaissais le problème de mon fils, je n’avais pas conscience de sa gravité ». Sur les recommandations de Monsieur Mensah, Ebenezer renouvelle la couverture sociale de Daniel par le biais du Service des Affaires Sociales et des autorités chargées de l’éducation au niveau local. Daniel attend désormais un diagnostic approfondi.
En attendant, Daniel est ravi d’aller à l’école et aimerait devenir professeur, mais le combat n’est pas fini. « La plupart du temps, je ne vois pas ce qui est écrit et je dois emprunter le livre d’un camarade pour mettre à jour mes notes. Parfois, je dois demander à mon frère de me lire les notes à haute voix car je ne vois pas assez bien pour les lire », explique-t-il.
Beaucoup d’enfants au Ghana sont dans la même situation que Daniel – des enfants qui ont le droit d’être heureux à l’école mais qui ont besoin d’un soutien moral renforcé. Ému aux larmes, Daniel se confie : « Mes camarades se moquent de moi et me donnent de vilains surnoms à cause de mon œil. Je ne rêve que d’une chose, pouvoir corriger ma vue ».
M. Mensah sait qu’apprendre aux camarades de classe de Daniel à respecter et traiter les autres sans faire de différences contribuera grandement à ce que Daniel se sente à sa place dans la classe et dans la société en général. Cet effort délibéré visant à former les jeunes sur l’égalité et la justice joue également un rôle essentiel dans l’inclusion de tous les enfants à l’école et sur la capacité plus générale à répondre à leurs besoins en termes d’apprentissage, de gestion des émotions et d’attentes psychosociales – et c’est exactement la mission de l’éducation inclusive.