Hussaini*, 14 ans, fait partie des plus chanceux. Il s’est enfui. En 2018, quand le terrorisme de groupes extrémistes du Sahel a gagné le Burkina Faso, son village a été attaqué alors qu’il était à l’école. Il a d’abord entendu des hurlements, puis des coups de feu. « Ils ont tiré sur nos enseignants et en ont tué un », raconte-t-il. « Ils ont incendié les salles de classe. » Hussaini est rentré chez lui en courant et, en quelques minutes, sa famille a quitté les lieux. Ils ont tout abandonné derrière eux, y compris l’école. Depuis ce jour, Hussaini n’a pas remis les pieds dans une salle de classe. « Avant, j’aimais beaucoup l’école, lire, compter et jouer pendant la récréation », se souvient-il. « Cela fait un an que je n’y suis plus retourné … »
Si les attaques contre des bases militaires sont relativement courantes en Afrique de l’Ouest et centrale, les écoles étaient jusque récemment rarement visées. Mais de la fin juin 2017 à juin 2019, le nombre d’établissements scolaires contraints de fermer en raison de l’insécurité croissante a été multiplié par trois. Plus de 9 200 écoles ont fermé au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Niger, au Nigéria, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Tchad, ce qui a privé d’éducation 1,91 million d’enfants. Le risque que ces enfants soient recrutés par des groupes armés, victimes de violences liées au genre ou pris pour cible par des individus pratiquant la traite des êtres humains est alors bien plus élevé.
Mais même en période de crise, l’innovation est source de solutions. Grâce à une radio qu’il a reçue dans le cadre du programme d’enseignement par la radio dans les situations d’urgence, soutenu par l’UNICEF, Hussaini continue de s’instruire tous les jours. En plus de leçons radiophoniques d’alphabétisation et de calcul, Hussaini travaille avec un éducateur dûment formé, Abdoulaye*, 23 ans, qui lui rend visite régulièrement pour l’aider dans sa compréhension. « C’est une bonne chose. Toute la famille écoute les cours [radiodiffusés], maintenant », explique Hussaini. Toutefois, son ancienne école lui manque toujours. « Nous avions de bons instituteurs », se rappelle-t-il. « Je ne sais pas où ils sont aujourd’hui. »