Aspirer à un avenir meilleur en République arabe syrienne

Après deux attaques sur des écoles syriennes, enfants, enseignants et parents, prennent tous leur courage à deux mains pour retrouver le cours normal de leur vie

Par Monica Awad
UNICEF Syrian Arab Republic/2016/Ourfali
21 octobre 2016

DAMAS, République arabe syrienne, le 21 octobre 2016 – Pour le jeune Jaffar, 14 ans, reprendre l’école ne sera jamais plus comme avant.

Jaffar a perdu Aya, sa grande sœur et modèle, dans l’attaque de la semaine dernière sur l’école primaire That al-Netaqeen, à Daraa’.

D’autres tirs de mortier se sont produits dans le sillage des premiers, cette semaine-là. Les deux attaques ont fait en tout neuf victimes parmi les élèves qui se rendaient à l’école ou jouaient dans la cour de récréation. L’une perpétrée à Daraa’, l’autre à Alep, elles sont intervenues à deux jours d’écart et ont laissé derrières elles des parents et des familles en pleurs, mais aussi des centaines d’enfants traumatisés et meurtris.

Ce matin-là, les tirs de mortier ont fait voler en éclats l’appel des élèves et creusé des cratères dans la cour de récréation. Pourtant, les élèves restent plus que jamais déterminés à poursuivre leur scolarité.

« Je suis résolu à retourner à That al-Netaqeen », soutient Jaffar d’une petite voix. « Je le dois à ma grande sœur, Aya, qui m’a dit, avant d’être tuée, que la troisième c’était facile, pourvu qu’on continue à étudier. »

Jaffar est l’un des millions d’enfants de République arabe syrienne qui paient le lourd tribut d’une violence sans fin.

>> Lire la note d'actualité : Des enfants risquent leur vie pour aller à l'école dans une Syrie déchirée par la guerre (en anglais)
  

Double drame

Les parents se sentent accablés, eux aussi, et incapables de protéger leurs enfants de ce conflit inhumain.

« Je me suis précipitée comme une folle hors de la classe, explique Samah, enseignante à l’école primaire That al-Netaqeen. Mon fils était étendu sur le sol. Son petit corps était couvert de sang, un bras et une jambe avaient été arrachés. J’ai compris que je l’avais perdu à jamais, et tout ce que je pouvais faire, c’était le serrer dans mes bras et l’emmener d’urgence à l’hôpital le plus proche. »

UNICEF Syrian Arab Republic/2016/Ourfali

Samah, une maman qui enseigne en CP à l’école primaire That al-Netaqeen, assise à côté de ses deux fils, pleurant la mort de son petit Ali. Une attaque sur cette école a fait cinq victimes parmi les élèves, dont son fils Ali, qui était en train de faire du sport dans la cour de récréation. That al-Netaqeen est l’une des écoles appuyées par l’UNICEF dans le cadre de la campagne de rentrée des classes lancée en septembre, un peu avant le début de l’année scolaire.

Samah, une maman qui enseigne en CP à l’école primaire That al-Netaqeen, assise à côté de ses deux fils, pleurant la mort de son petit Ali. Une attaque sur cette école a fait cinq victimes parmi les élèves, dont son fils Ali, qui était en train de faire du sport dans la cour de récréation. That al-Netaqeen est l’une des écoles appuyées par l’UNICEF dans le cadre de la campagne de rentrée des classes lancée en septembre, un peu avant le début de l’année scolaire.

La mort de son fils lui a porté un coup terrible, et pourtant, mère et enseignante, Samah a rassemblé son courage et est retournée à l’école pour secourir les autres élèves. L’expérience l’a pourtant laissée traumatisée, sans voix.

« Nous n’arrivons plus à protéger nos enfants », a-t-elle fini par déclarer.

À Alep, ce jeudi qui avait commencé dans un calme relatif s’est vite enfoncé dans la violence. À peine quelques minutes après que Rima et Zahraa ont dit au revoir à leurs quatre enfants qui se rendaient à l’école primaire Hatem al Taai, ceux-ci ont été tués par des tirs de mortier.

L’intensité de ce drame est insoutenable pour Rima, Zahraa et leurs familles.

Les deux écoles primaires, That al-Netaqeen et Hatem al Taai, sont appuyées par l’UNICEF dans le cadre de la campagne de rentrée des classes lancée en septembre, un peu avant le début de l’année scolaire. La campagne aide tous les enfants à retourner à l’école en leur fournissant du matériel scolaire et des manuels, en assurant des activités récréatives et en menant des initiatives de sensibilisation au sein des communautés.
  

Une résilience hors du commun

Il n’y a plus d’endroit sûr en République arabe syrienne, et pourtant, des enfants plus résolus que jamais ne cessent de risquer leur vie pour se rendre à l’école. La brutalité du conflit n’épargne pas non plus les survivants. Ils sont témoins d’actes d’une violence inouïe, des horreurs qu’aucun enfant ne devrait jamais voir. Et ils en ressortent marqués à tout jamais.

Élève de CM2 à l’école primaire al-Netaqeen, Raghad a été témoin d’une attaque contre ses camarades. « J’ai peur, je ne dors plus la nuit, mais je veux continuer à aller à l’école That al-Netaqeen », dit-elle d’une voix hésitante et avec un courage déchirant.

Malgré les brutalités dont sont témoins des enfants comme Raghad, leur détermination et leur passion pour la vie sont remarquables. « Quand je serai grande, je serai pédiatre, pour aider les enfants blessés », se promet-elle.

Investir en faveur des enfants de Syrie est aujourd’hui plus essentiel que jamais. « Nous ne pouvons abandonner des enfants comme Jaffar et Raghad », déclare Hanaa Singer, Représentante de l’UNICEF en Syrie. « Nous devons à chaque enfant syrien la protection qu’il mérite contre la dure réalité de la guerre, jour après jour. »

La persévérance des parents est inimaginable. Elle reflète et renforce la détermination de leurs enfants et leur passion pour la vie. Comme la plupart des mères syriennes, et malgré son deuil, Samah rêve d’un avenir meilleur pour ses enfants.

« Tout ce que je peux dire, c’est que ces enfants méritent une vie plus facile, et qu’en tant que mère et enseignante, je dois travailler sans relâche pour leur assurer un avenir plus radieux. »

>>  Pour en savoir plus sur les besoins humanitaires des enfants en République arabe syrienne