Après des années de conflit, les écoles rouvrent et l’espoir renaît à Fallujah
« La moitié de mes amis et de mes voisins sont de retour »

FALLUJAH, Irak, 27 décembre 2016 – Les murs de la ville portent les traces des balles. Six mois plus tôt, 85 000 personnes fuyaient Fallujah sous les bombardements lors des combats menés pour reprendre la ville alors aux mains de l'État islamique auto-proclamé/Daesh. De nombreux autres habitants avaient fui plus tôt encore.
Aujourd’hui, les jeunes écoliers donnent des coups de pied dans les décombres en se rendant à l’école. Nombreuses sont les maisons et les écoles qui ont été endommagées. Dans l’une de ces écoles touchées par plusieurs attaques au mortier, de la poussière de craie bleue et des débris de verre tapissent le hall d’entrée.
Cependant, les familles reviennent, les magasins rouvrent, les décombres sont déblayés, les trous causés par les tirs de mortier rebouchés et de nouvelles craies sont fournies dans les écoles.

Hamed, 13 ans, en classe dans une école de Fallujah. Hamed a perdu sa jambe à la suite d’une attaque au mortier en août 2015. Son père et un cousin sont morts lors de l’attaque. Hamed est revenu à Fallujah en septembre dernier et il retourne désormais à l’école
C’est l’hiver à Fallujah et il n’y a pas de chauffage dans les salles de classe. Dans l’une des écoles, les enfants portent des chapeaux, des gants et des manteaux en classe pendant qu’ils suivent les leçons au tableau.
C’est un début modeste mais pour des enfants comme Hamed qui a perdu sa jambe et dont le père est mort dans une attaque au mortier en août 2015, c’est un début de retour à la normale après des années de conflit. Alors qu’il parle de son envie de devenir professeur de dessin, une explosion retentit tout près – des équipes de démineurs sont toujours à l’œuvre pour déminer la ville.
Au cours d’une visite de cinq écoles, quatre détonations dues à des opérations de déminage ont retenti, un rappel du conflit que ces enfants et leurs familles ont fui.
Ils sont malgré tout de retour à Fallujah, après avoir trouvé refuge dans des villes voisines de l’Irak et au Kurdistan.
« La moitié de mes amis et de mes voisins sont de retour », déclare Mohamed, 8 ans, qui porte un manteau marron avec la capuche sur sa tête.
Les salles de classe sont bondées, même si les écoliers attendent toujours leurs manuels scolaires, même si les murs sont complètement dénudés. Aucun crayon de couleur, juste quelques cahiers sont disponibles. Tout près, une autre école a été reconstruite grâce à seulement 4 000 dollars US, ce qui a permis à 500 enfants de revenir en classe.

Trois petites filles assises à leur pupitre d’école dans une installation servant de salle de classe temporaire dans l’école primaire pour filles Salsabil à Fallujah. Au cœur du conflit, l’une des plus grandes écoles secondaires de la ville a été bombardée et détruite en partie
La maîtresse d’école, Sahera Abass, explique que de nouvelles familles sont de retour toutes les semaines. Sahera a fui Fallujah en janvier 2014 lorsque l’État islamique auto-proclamé/Daesh a envahi la ville. Elle n’est revenue que depuis un mois.
« Je suis revenue car cette école est mon école, ce métier est le mien et Fallujah est ma maison. Je voulais revenir », déclare-t-elle.
« Les écoliers sont inquiets pour leur avenir », ajoute-t-elle. « Ils ont peur des bombes, peur d’avoir à fuir de nouveau, peur que la guerre n’éclate encore. »
L’école leur offre un peu de répit, poursuit-elle « Les familles sont démunies, toutes les maisons ont été endommagées, il n’y a ni électricité, ni eau. »
L’une des plus grandes écoles secondaires de la ville a été bombardée et détruite en partie. Par chance, il n’y avait personne à ce moment-là.
Aujourd’hui, l’école est remplie de jeunes filles en uniformes, dont Noor. Noor a fui Fallujah avec sa famille et a vécu dans trois villes différentes ces deux dernières années avant de pouvoir revenir chez elle.
« Je veux terminer mes études car je rêve de devenir médecin ou dentiste et de travailler à Bagdad », explique-t-elle. « Sans l’école, il ne peut y avoir de rêves d’avenir. »