Six manières dont les parents peuvent soutenir leurs enfants pendant la pandémie de COVID-19

Les conseils d’une psychologue pour aider vos enfants à gérer la multitude d’émotions qu’ils peuvent ressentir en ce moment.

UNICEF
Un mere enlance son fils.
UNICEF/UNI210287/Kazakhstan
25 mars 2020

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La maladie à coronavirus (COVID-19) est source d’anxiété, de stress et d’incertitude – des sentiments particulièrement difficiles à gérer pour les enfants, quel que soit leur âge. Face à une telle situation, tous les enfants ne réagissent pas de la même manière. Cependant, si l’école de votre enfant a été fermée, si des événements auxquels il devait participer ont été annulés ou s’il ne peut plus voir ses amis, sachez qu’il est plus important que jamais de lui montrer que vous l’aimez et que vous le soutenez.

Nous nous sommes entretenus avec Lisa Damour, psychologue pour adolescents, auteure à succès, chroniqueuse mensuelle pour le New York Times et mère de deux enfants, sur la manière de créer un sentiment de normalité à la maison tout en gérant cette « nouvelle normalité (temporaire) ».


3 conseils à l’usage des parents pour prendre soin de soi pendant la pandémie

UNICEF

Comment les parents peuvent-ils soutenir leurs enfants pendant la pandémie ?
 

1. Faites preuve de calme et anticipez.

« Les parents doivent anticiper et avoir une conversation calme avec leurs enfants au sujet de la maladie à coronavirus (COVID-19) et du rôle important que les enfants peuvent jouer pour protéger leur santé. Prévenez-les qu’il est possible que l’un d’entre vous commence à présenter des symptômes à un moment donné et que ces symptômes sont souvent comparables à ceux d’un banal rhume ou de la grippe, mais que cela ne doit pas les inquiéter outre mesure », recommande Lisa Damour. « Les parents doivent encourager leurs enfants à les prévenir s’ils ne se sentent pas bien, ou s’ils sont inquiets à propos du virus, de manière à pouvoir les aider. »

« Les parents peuvent témoigner de la compassion à leurs enfants en ce qui concerne l’angoisse et l’inquiétude qu’ils peuvent ressentir à l’égard de la COVID-19. Ils peuvent les rassurer sur le fait que la maladie provoquée par l’infection au virus de la COVID-19 est généralement sans gravité, en particulier chez les enfants et les jeunes adultes », ajoute-t-elle. Il est aussi important de leur rappeler qu’un grand nombre des symptômes de la COVID-19 sont traitables. « Dans un second temps, nous pouvons leur rappeler qu’il existe un grand nombre de mesures que nous pouvons prendre pour nous protéger et protéger efficacement les autres et rester maîtres de la situation, comme se laver fréquemment les mains, ne pas se toucher le visage et pratiquer l’éloignement physique. »

« Nous pouvons aussi les aider à comprendre la situation dans son ensemble, en leur disant : “Je sais que tu as très peur d’attraper le coronavirus, mais si nous te demandons de faire tout cela – te laver les mains, rester à la maison – c’est aussi en partie pour prendre soin de tous les membres de notre communauté. Nous devons penser aux personnes qui nous entourent.” »

>> Comment parler à vos enfants de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19)

>> Lire nos conseils pour se laver correctement les mains

 

2. Observez une routine.

« Les enfants ont besoin de structure. Fin de la discussion. Il est donc impératif que nous inventions tous, très rapidement, de toutes nouvelles structures pour les journées à venir », indique Lisa Damour. « Je recommande très fortement aux parents d’établir un programme pour la journée. Ce programme peut inclure du temps pour jouer, ce qui comprend du temps pour utiliser son téléphone et interagir avec ses amis, ainsi que du temps sans technologie et du temps pour participer aux tâches ménagères. Pour cela, je les invite à faire le point sur ce qui est important à leurs yeux et à se baser sur leur réflexion pour mettre en place un cadre. Il est très rassurant pour les enfants d’avoir des journées prévisibles et de savoir à quel moment ils sont censés travailler et à quel moment ils peuvent jouer. »

Lisa Damour suggère également d’impliquer les enfants. « Si votre enfant a plus de 10 ans, demandez-lui de concevoir ce cadre. Donnez-lui un aperçu du type d’activités à inclure dans sa journée, puis convenez d’un programme à partir de ce qu’il vous propose. » Pour ce qui est des enfants plus jeunes, « si vous en avez la charge (je suis consciente que tous les parents n’ont pas la possibilité de rester à la maison), structurez leur journée de manière à ce qu’ils commencent par s’acquitter de l’ensemble de leurs tâches obligatoires, comme leurs devoirs et toutes les autres corvées. Certaines familles trouveront qu’il est préférable pour les enfants de s’acquitter de ces tâches au début de la journée. D’autres préféreront commencer la journée un peu plus tard, après avoir fait la grasse matinée et avoir pris le petit-déjeuner en famille. » Si vous ne pouvez pas vous occuper de vos enfants durant la journée, essayez d’élaborer le meilleur cadre possible avec la personne qui en a la charge.

« Soutenez votre enfant, préparez-vous à ce qu’il soit triste et frustré à cause des événements qu’il va manquer et dites-lui que c’est normal. »

3. Autorisez votre enfant à ressentir des émotions.

Avec la fermeture des écoles, des pièces de théâtre, des concerts, des matchs et des activités ont été annulés. Les enfants sont très déçus d’être privés de ces événements à cause de la maladie à coronavirus (COVID-19). Pour Lisa Damour, il est essentiel de les autoriser à être tristes. « Pour les adolescents, ce sont de véritables drames. Ils ont beaucoup plus de mal à relativiser, car ils ne peuvent pas le rapporter à l’échelle de leur vie et de leur expérience, contrairement à nous. Soutenez votre enfant, préparez-vous à ce qu’il soit triste et frustré à cause des événements qu’il va manquer et dites-lui que c’est normal. » Si vous ne savez pas comment réagir, l’empathie et le soutien sont toujours de bonnes solutions.

 

4. Faites le point sur ce qu’ils ont entendu.

Un grand nombre de fausses informations circulent sur la maladie à coronavirus (COVID-19). « Parlez avec votre enfant de ce qu’il a entendu et de ce qui lui semble vrai dans ces informations. Il ne suffit pas de l’informer des faits exacts. Si vous ne savez pas ce qu’il pense des fausses informations qu’il a entendues et que vous ne les reprenez pas avec lui, il risque de mélanger les nouvelles informations que vous lui donnez avec les informations dont il dispose déjà. Il est donc important de faire le point sur ce que votre enfant sait déjà et de s’appuyer sur ses connaissances existantes pour le mettre sur la bonne voie. »

S’il vous pose des questions auxquelles vous ne savez pas répondre, n’inventez pas. Profitez-en pour chercher des réponses ensemble. Appuyez-vous sur les sites Web d’organisations de confiance, telles que l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé, qui constituent d’excellentes sources d’information. 

De nombreux enfants sont victimes de harcèlement et de maltraitance à l’école ou en ligne à cause de la maladie à coronavirus (COVID-19). Il est important que vos enfants sachent que vous serez toujours là pour eux s’ils sont victimes de harcèlement. « Le recours à des tiers est la meilleure manière de traiter toutes les formes de harcèlement », explique Lisa Damour. « Nous ne pouvons pas demander aux enfants qui sont pris pour cible d’affronter ceux qui les harcèlent. Nous devons plutôt les encourager à se tourner vers des amis ou des adultes pour obtenir de l’aide et du soutien. »

>> Informez-vous : lisez notre fiche explicative sur la maladie à coronavirus (COVID-19) destinée aux parents

>> Parler du harcèlement à votre enfant

 

5. Créez des distractions bienvenues.

Lorsque votre enfant doit gérer des émotions difficiles, « soyez attentifs et faites de votre mieux pour trouver un équilibre entre la nécessité de parler de ses sentiments et de le distraire. Lorsqu’ils sont très contrariés, il est important que les enfants puissent se distraire pour se soulager. » Organisez des soirées jeux en famille quelques soirs dans la semaine ou préparez le repas ensemble. Lisa Damour se sert du repas du soir pour échanger avec ses filles. « Nous avons décidé de former des équipes pour préparer le dîner. Nous nous mettons par deux et nous tournons, de manière à ce que tout le monde prépare tour à tour le dîner pour toute la famille. »

Pour ce qui est des adolescents et des écrans, il convient de leur laisser une certaine liberté, tout en leur imposant des limites. Lisa Damour conseille d’avoir une conversation franche avec son adolescent et de lui dire que vous comprenez qu’il a plus de temps libre, mais que vous ne pouvez pas pour autant le laisser passer tout son temps sur un écran ou sur les médias sociaux. Elle vous propose de lui tenir les propos suivants : « Comment devons-nous gérer les écrans ? Définis un cadre, montre-le-moi et je te dirai ce que j’en pense. »


6. Soyez attentif(ve) à votre propre comportement.

« Les parents sont aussi sujets à l’anxiété et leurs enfants le ressentent », explique Lisa Damour. « Je les invite à faire leur possible pour garder cette anxiété pour eux de manière à éviter de communiquer leurs craintes à leurs enfants. Cela peut impliquer de contenir leurs émotions, ce qui n’est pas toujours facile, en particulier s’ils sont en proie à des sentiments intenses. »

Les enfants comptent sur leurs parents pour leur procurer un sentiment de sécurité. « [Il est important] de se rappeler que ce ne sont que des passagers, et que c’est nous qui sommes au volant. Même si nous avons peur, nous devons faire en sorte que nos passagers se sentent en sécurité », conclut-elle.

 

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Entretien et article réalisés par Mandy Rich, Rédactrice de contenu numérique, UNICEF.

Cet article a été initialement publié le 20 mars 2020. Il a été mis à jour pour la 24 août 2020.