Comment parler à vos amis et à votre famille des vaccins
Conseils sur la manière d’aborder des conversations délicates avec vos êtres chers.

Les vaccins sauvent entre 2 et 3 millions de vies tous les ans et ils comptent parmi les plus grandes avancées de la médecine moderne. Cependant, il y a encore des gens qui manifestent un certain scepticisme ou de l’hésitation vis-à-vis des vaccins. Il y a de bonnes chances que vous connaissiez quelqu’un qui entre dans cette catégorie – peut-être au sein de votre groupe d’amis ou de votre famille.
Si vous vous posez des questions sur la manière d’aborder les conversations sur les vaccins avec des personnes sceptiques de votre entourage, vous n’êtes pas seul. Nous nous sommes entretenus avec l’épidémiologiste Saad Omer, doyen d'O'Donnell School of Public Health, UT Southwestern (École de santé publique Peter O'Donnell), sur les choses à faire ou à éviter dans des situations délicates de ce genre.
Établissez un rapport avec ses valeurs.
Même si vous ressentez de la frustration, il est important de faire preuve d’empathie avec la personne. « Faites-lui sentir qu’elle est entendue », conseille M. Omer. Tentez d’établir un rapport avec son sentiment sous-jacent. Par exemple, si elle s’inquiète de la protection de ses proches, lui expliquer que les vaccins ont prouvé qu’ils protégeaient les gens contre des maladies qui faisaient des millions de victimes avant qu’ils ne soient mis au point, entre autres, la rougeole.
Ne l’interrompez pas.
Assurez-vous de ne pas couper la parole à la personne avec laquelle vous discutez, de ne pas parler en même temps qu’elle et de ne pas l’interrompre pour la corriger. Écoutez-la et situez-vous sur le même plan qu’elle. « Vous ne devriez pas manifester votre accord avec des informations fausses, mais vous devriez plutôt faire preuve d’empathie et poursuivre le processus au lieu de mettre fin à la relation ou à la conversation », précise M. Omer.
Aidez-la à sentir qu’elle peut agir.
Si vous vous adressez à une personne particulièrement effrayée par les maladies, M. Omer vous suggère de lui communiquer un message axé sur la capacité d’action : « Tu peux faire quelque chose pour te protéger et protéger les autres contre les maladies. ». « La personne peut agir. Ces vaccins fonctionnent. »
Ne vous concentrez pas sur les mythes.
« Prenez garde à ne pas réfuter trop directement une perception erronée », prévient M. Omer. La discussion ne devrait pas porter en totalité ou en majeure partie sur la dissipation d’un mythe en particulier, car il y aura toujours d’autres mythes qui suivront. Le fait d’attirer l’attention sur un mythe pourrait avoir l’effet inverse de ce que vous cherchiez, en rendant le mythe plus mémorable que les faits. Parfois, cependant, vous n’aurez d’autre choix que de contredire une information fausse. Si vous vous trouvez dans une telle situation, M. Omer suggère d’adopter l’approche suivante : fait, mise en garde, information fausse, fait. Voici comment procéder :
- Commencez par énoncer le fait. Les vaccins sont extrêmement sûrs et efficaces.
- Faites une mise en garde avant de parler du mythe. Dites : « Il y a de fausses informations qui circulent au sujet de ______. »
- Mentionnez l’information fausse (le mythe) que vous voulez réfuter.
- Terminez en énonçant un fait. Montrez pourquoi le mythe n’est pas vrai.
Le plus important consiste à « remplacer l’information fausse par l’information correcte », explique M. Omer.
Présumez que la personne se fera vacciner.
Dites simplement à votre ami ou parent : « Allons nous faire vacciner ! » cette méthode s’appelle une approche de communication fondée sur une présomption. « Les études cliniques ont montré que l’approche reposant sur une annonce ou sur une présomption est efficace et elle est susceptible de fonctionner dans le cadre des communications personnelles », affirme M. Omer. On ne retire pas son autonomie à la personne ; on ne fait qu’établir verbalement une position par défaut.
Ne vous découragez pas.
Convaincre quelqu’un qui est opposé aux vaccins est un long processus. « C’est extrêmement difficile », prévient M. Omer. Gardez en tête qu’une seule conversation n’est pas susceptible de modifier l’opinion d’une personne qui s’oppose fermement aux vaccins en général. Qu’est-ce qui importe ? « Maintenir un rapport avec elle. »
Entretien et article réalisés par Mandy Letterii, Rédactrice de contenu numérique, UNICEF