La moitié des enfants syriens n’ont jamais rien connu d’autre que la violence, alors que le conflit s’apprête à entrer dans sa huitième année
À l’issue d’une visite de cinq jours dans ce pays déchiré par la guerre, la Directrice générale de l’UNICEF rappelle qu’il est essentiel d’atteindre tous les enfants, où qu’ils soient dans le pays, et de répondre à leurs besoins.

NEW YORK/AMMAN/BEYROUTH/DAMAS, le 13 décembre 2018 – Quatre millions d’enfants seraient nés en Syrie depuis le début du conflit il y a bientôt 8 ans. Cela signifie que la moitié des enfants du pays n’ont jamais rien connu d’autre que la guerre, a déclaré l’UNICEF aujourd’hui. Il est toujours aussi primordial d’atteindre ces enfants, où qu’ils soient, et de répondre à leurs besoins immédiats et à venir.
« En Syrie, tous les enfants de 8 ans ont grandi dans un climat de danger, de destruction et de mort », se désole Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF, au terme d’une visite de cinq jours dans ce pays ravagé par le conflit. « Ces enfants ont besoin de retourner à l’école, d’être vaccinés, et de se sentir en sécurité et protégés. Il est impératif que nous puissions les aider. »
Alors qu’elle visitait quelques-unes des zones redevenues accessibles en Syrie, Henrietta Fore a pu constater par elle-même les effets dévastateurs du conflit sur les familles, les enfants et leur communauté.
À Douma, dans la région de la Ghouta orientale, quelques mois à peine après la levée d’un siège qui a duré 5 ans, les familles déplacées commencent à rentrer chez elles. Selon les estimations, 200 000 personnes peuplent aujourd’hui la ville. De nombreuses familles sont retournées vivre dans des bâtiments endommagés, et la menace des engins non explosés est omniprésente. Depuis le mois de mai 2018, 26 enfants auraient été tués ou blessés par des restes explosifs de guerre à travers la région.
« À Douma, des familles vivent, et élèvent leurs enfants, au milieu des décombres. Elles luttent pour trouver de l’eau, s’alimenter et se chauffer par ce temps hivernal », rapporte Henrietta Fore. « La ville compte 20 écoles. Toutes sont surpeuplées et manquent cruellement de formations pour les jeunes enseignants, de livres, de fournitures scolaires, de portes, de fenêtres et d’électricité. »
À Douma, le niveau de destruction est tel qu’une organisation non gouvernementale partenaire a installé un dispensaire de fortune avec le soutien de l’UNICEF dans la salle de prière d’une mosquée endommagée.
La Directrice générale de l’UNICEF s’est également rendue à Hama, où elle a eu l’occasion de visiter un centre qui apprend aux enfants, filles et garçons, à lutter contre la violence liée au genre.
« Depuis le début du conflit, les enfants et les jeunes sont de plus en plus violents », explique Zein, un jeune de 15 ans qui fréquente régulièrement le centre. « Toutes les formes de violence ont augmenté, que ce soit l’intimidation, le harcèlement, les passages à tabac ou les mariages précoces. Les enfants et les jeunes voient de la violence partout autour d’eux, à tel point qu’ils trouvent cela normal. On doit mettre fin à cette situation, en encourageant les jeunes à adopter un meilleur comportement pour montrer l’exemple. »
Henrietta Fore a passé la dernière journée de sa visite dans le gouvernorat de Deraa, peuplé de près d’un million de personnes. Les niveaux élevés de déplacements à l’intérieur du gouvernorat exercent une pression supplémentaire sur le peu de services disponibles.
Le gouvernorat comptait 100 centres de soins de santé primaires. La moitié d’entre eux ont été endommagés ou détruits.
Dans la ville de Deraa, les deux principaux postes d’approvisionnement en eau se trouvaient dans des zones disputées, si bien que les habitants subissaient fréquemment des coupures d’eau et dépendaient des services d’acheminement de l’eau par camion. L’UNICEF a contribué à l’installation d’un système de canalisation de 16 km afin d’approvisionner 200 000 personnes en eau salubre.
Au moins la moitié des quelque 1 000 écoles du gouvernorat ont besoin de réparations. Les salles de classe sont pleines à craquer. Les enfants ont été privés de plusieurs années d’école en raison de la guerre, si bien que les classes de première année sont peuplées d’élèves âgés de 6 à 17 ans. Beaucoup d’élèves abandonnent l’école – la Syrie enregistre un taux de décrochage scolaire de 29 %.
« C’est dans les écoles que l’on commence à planter les graines de la cohésion sociale », rappelle Henrietta Fore. « Il est indispensable de fournir aux enfants une éducation de qualité qui leur donne envie d’aller à l’école et d’y rester. »
L’UNICEF profite de l’amélioration de l’accès humanitaire pour intensifier ses services de soutien en matière de santé, de nutrition et de protection de l’enfance, aider les écoles, mettre en place des programmes d’apprentissage accéléré pour les élèves qui ont déscolarisés pendant plusieurs années, former des enseignants et réparer les réseaux d’égouts, les systèmes de canalisation d’eau et les centres de traitement des eaux usées.
Dans les régions qui restent difficiles d’accès, l’UNICEF demande une nouvelle fois à disposer d’un accès humanitaire régulier et inconditionnel, et poursuit son travail avec ses partenaires afin d’apporter une aide immédiate à la population à chaque fois que possible.
L’UNICEF appelle l’ensemble des acteurs syriens à protéger les enfants en toutes circonstances et à intensifier les efforts pour reconstruire le tissu social déchiré par des années de combats.
« Près de 8 ans après le début du conflit, les besoins restent immenses », déclare Henrietta Fore. « Mais les millions d’enfants qui sont nés pendant la guerre et qui ont grandi dans la violence ne veulent plus attendre. Ils veulent apprendre. Ils veulent jouer. Ils veulent cicatriser. »
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