« Je me sens utile dans la société »
L’UNICEF aide les enfants précédemment associés à des forces ou groupes armés à construire les bases de leur avenir.
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« J’avais 14 ans quand mes parents et mon grand-frère ont été tués en ma présence », raconte Alice* assise derrière sa machine de couture. Si l’adolescente semble calme et sereine aujourd’hui, cela n’a pas toujours été le cas. « J’ai intégré le mouvement des miliciens pour venger mes parents », poursuit Alice.
Des milliers d’enfants ont été enrôlés et utilisés par les milices dans la région du Kasaï pour se battre et tuer ou servir de bouclier humain. « La place de l’enfant c’est en famille ou à l’école et non dans la brousse », dit Alice en repensant à ce parcours douloureux et violent.
Depuis qu’elle a quitté la milice, Alice habite chez sa grand-mère qui fait tout son possible pour s’occuper d’elle avec ses petits moyens. Afin de lui redonner espoir et favoriser sa réinsertion, Alice a suivi une formation de coupe et couture soutenue par l’UNICEF. « Je ne suis jamais allé à l’école », avoue Alice pour qui la voie professionnelle était une évidence.
« Durant 6 mois, j’ai suivi la formation et aujourd’hui je viens de recevoir mon certificat », dit fièrement Alice. Grâce au matériel remis par l’UNICEF à la fin de sa formation, Alice a pour projet d’ouvrir un atelier de couture qui lui permettra de prendre soin de ses petits frères et petites sœurs. Sa première priorité est de les envoyer à l’école pour qu’ils puissent espérer un meilleur avenir.
Yannick* a quant à lui choisi une autre voie pour ne pas regarder en arrière : la menuiserie. Lorsque les violences ont éclaté dans son village, Yannick était déscolarisé depuis de nombreuses années et n’avait pas de grands espoirs pour son avenir. Pensant pouvoir construire une meilleure vie, Yannick a rejoint la milice et a pris les armes.
Après de longs mois passés au sein de la milice, Yannick n’a vu aucun changement dans sa vie, au contraire. « J’ai été effrayé par la mort de mes deux frères, devenus miliciens comme moi », confie Yannick qui les a vu mourir devant ses yeux.
Lorsqu’il est revenu à la maison, le jeune garçon a été stigmatisé par les habitants de son quartier et les enfants refusaient de s’approcher de lui. Afin de faciliter sa réintégration, l’UNICEF a proposé au jeune garçon de suivre une formation professionnelle. « Ma grande joie c’est de me voir aujourd’hui avec un métier qui me donne de la valeur dans la société », explique Yannick.
« Aujourd’hui j’ai compris que j’ai perdu mon temps dans la milice », conclut Yannick qui tient fièrement sa scie à bois entre les mains. Grâce aux outils reçus à la fin de la formation, Yannick espère pouvoir monter un petit atelier qui lui permettra d’aider sa famille.
Grâce au soutien de la Suède, plus de 600 enfants précédemment associés à des forces ou groupes armés de la province du Kasaï ont participé à des formations accélérées en coupe et couture, menuiserie et maçonnerie pour faciliter leur réinsertion socio-professionnelle.