De la guerre à la reconstruction
Alors qu’ils avaient l’âge de tenir un crayon et un ballon entre les mains, Jeannot et Fabrice ont été confrontés à une autre réalité.

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« Ils recrutaient des enfants de mon âge dans mon village », se rappelle Jeannot en repensant au jour qui a marqué le début d’un long calvaire. Par peur d’être forcé de rejoindre un groupe armé qui sévissait dans la province du Nord-Kivu, le jeune garçon qui n’avait alors que 15 ans s’est enfui pour se cacher dans la forêt.
Sans ressources et éloigné de sa famille, Jeannot n’a pas réussi à tenir longtemps : poussé par la faim et la peur, il s’est résigné à prendre les armes. Durant trois ans, Jeannot a combattu aux côtés du groupe armé. Lorsqu’il refusait d’obéir aux ordres qu’on lui donnait, le jeune adolescent était battu. « Je rêvais de partir et de retrouver une vie meilleure », confie Jeannot. Un jour, l’adolescent a réussi à s’enfuir avec plusieurs dizaines d’autres jeunes garçons.
Rapidement pris en charge par une organisation partenaire de l’UNICEF, Jeannot et les autres jeunes ont bénéficié d’examens médicaux et d’un soutien psychosocial dans le cadre d’un programme de réintégration mis en œuvre par l’UNICEF. Jeannot, âgé de 18 ans, a décidé de poursuivre une formation au métier de la coiffure et l’UNICEF l’a accompagné dans la location d’un espace de travail et l’achat de l’équipement nécessaire.
« Le jour où j’ai ouvert mon salon de coiffure a marqué un nouveau départ dans ma vie », raconte Jeannot.
Avec l’argent obtenu grâce à son salon de coiffure, Jeannot veut lancer un élevage de bétail et construire une maison dans l’espoir de pouvoir y fonder une nouvelle famille. « J’ai déjà acheté 6 tôles », conclut Jeannot qui est définitivement tourné vers l’avenir.

Fabrice lui aussi a été enrôlé alors qu’il n’avait que 15 ans, un âge où les jeunes s’affrontent normalement au football ou aux cartes. Il s’est engagé dans un groupe armé qui sévit au Nord-Kivu après le décès de son père pour contribuer financièrement aux charges financières de sa famille.
Lorsqu’ils entendent parler des enfants-soldats, la plupart des gens se représentent un enfant portant une arme. En réalité, tous les enfants ne participent pas aux combats. Fabrice, par exemple, avait pour tâche d’alerter les membres du groupe en cas de danger ou d’incursion dans leur camp.
Après deux ans, Fabrice a décidé de s’enfuir parce qu’il y était torturé et risquait sa vie au quotidien. Une organisation partenaire de l’UNICEF assure un suivi psychosocial à Fabrice, toujours assailli par les souvenirs des sévices qu’il a subi dans le camp, et a aidé le jeune garçon à retrouver sa famille. Maintenant âgé de 17 ans, Fabrice vit avec sa grande sœur et son petit frère.
Fabrice étudie aujourd’hui l’électricité dans le cadre d’un programme de réintégration soutenu par l’UNICEF. Ce programme, axé sur la formation professionnelle, vise à donner à ces enfants les moyens de subvenir à leurs besoins. « Je veux apporter la lumière dans le monde », confie Fabrice qui ne veut pas laisser son passé le freiner dans l’avenir.
« Il n’y a pas de paix dans la forêt » dit Fabrice à destination de tous les enfants qui pensent trouver une famille et un avenir en rejoignant des groupes armés. « La paix, c’est quand on vit avec sa famille ».
Un nombre important d’enfants sont utilisés en République Démocratique du Congo (RDC) comme combattants, porteurs, espions, cuisiniers ou esclaves sexuels au sein de groupes armés et des milices. L’UNICEF se mobilise pour prévenir le recrutement d’enfants, pour sortir les enfants des milices et groupes armés et pour les réintégrer au sein de leurs communautés.
En 2019, l'UNICEF a apporté un soutien psychosocial et des soins à 3.073 enfants anciennement associés à des forces armées et des groupes armés à travers la RDC.