Les jeunes stimulent les connaissances pour réduire la malnutrition à Djibouti

Une bonne nutrition dans les premières années de la vie est indispensable

Courage Nyamhunga
Fatouma attend que la porte d'une maison située à Hayabley s'ouvre
UNICEF/Djibouti/UN057A5536/C.Nyamhunga
19 janvier 2020

Nous sommes en milieu de matinée dans le Quartier 4 de la ville de Djibouti. Il y a une légère brise en cette journée d'hiver plutôt chaude. Fatouma, 20 ans, est une alliée puissante dans la lutte contre la malnutrition notamment à Balbala, quatier peri urbain de Djibouti ville.

Assise à l'ombre d’une cabane Fatouma, membre des comités de gestion communautaire de l'Union nationale des femmes djiboutiennes (UNFD) et bénéficiant du soutien de l'UNICEF, raconte comment se déroule sa journée pour identifier les enfants souffrant de malnutrition dans la communauté et les référer vers des centres de soins de santé.

La malnutrition est associée à plus de la moitié de tous les décès d'enfants dans le monde, principalement en raison de mauvaises pratiques d'alimentation des enfants, de pénuries alimentaires ou d'un accès insuffisant à des installations sanitaires et des soins de santé adéquats. La malnutrition dont souffrent les enfants peut avoir des conséquences à vie, y compris une altération du développement physique et cognitif. À Djibouti, environ 68 pour mille, des enfants de moins de cinq ans meurent avant de fêter leur 5ème anniversaire. La forte prévalence de la malnutrition contribue à cette situation on estime qu'environ 35% de tous les décès d'enfants de moins de cinq ans sont directement ou indirectement liés à la malnutrition.

Une sangle MUAC est enroulée autour du bras d’un enfant pour un dépistage de la malnutrition
UNICEF/Djibouti/2019/C.Nyamhunga
Un bébé subit un dépistage de la malnutrition à l'aide des sangles MUAC autour de son bras.

Pour chaque enfant, la nutrition

Les comités de gestion communautaire ont été créés en 2008 en tant que plateformes pour instaurer un dialogue sur les mutilations génitales féminines. Depuis ils ont évolué et se concentrent désormais sur des questions thématiques plus larges telles que la nutrition, la vaccination des enfants, l'éducation, la culture et les questions environnementales. Globalement, ces groupes importants se sont développés pour atteindre 34 dans la ville de Djibouti et les régions reculées.

Fatouma est une volontaire spécialement formée, dans le cadre de ce programme, au sein du sous-comité de la protection de l'enfance et de la jeunesse qui est envoyée dans les communautés pour identifier les enfants souffrant de malnutrition aiguë et les référer aux centres de santé locaux. Après le traitement initial dispensé dans le centre de santé, elle forme les mères de la communauté sur la façon de prendre soin de leurs enfants à la maison et de préparer des repas nutritionnels.

« J’ai appris à reconnaître les signes de malnutrition pour mieux exercer mes compétences de bénévole».

Fatouma

Chaque jour, Fatouma est confrontée à une tâche colossale de sensibilisation et d'identification des enfants souffrant de malnutrition, dans une communauté très peu ouverte aux étrangers qui viennent frapper à leurs portes. Lors d'une journée type, si elle est autorisée à évaluer la santé d'un enfant, Fatouma utilise une sangle MUAC sur les petits enfants et leurs petits bras.

Ce simple ruban plastique MUAC qui mesure la circonférence du haut du bras permet de détecter la malnutrition : si un enfant tombe dans la zone rouge, il souffre de malnutrition aiguë sévère et doit agir rapidement pour recevoir de l'aide des centres de santé.

Fatouma explique aux mères comment la détection précoce pourrait sauver la vie d’un enfant. L’UNICEF apporte un soutien technique et financier à l'UNFD qui forme des volontaires comme Fatouma à identifier la malnutrition le plus rapidement possible.

«Il y a eu une forte diminution de la malnutrition dans cette communauté, maintenant les femmes enceintes savent qu'elles peuvent souffrir de malnutrition pendant la grossesse».

Fatouma
Un groupe de mères à l'écoute de Fatouma alors qu'elle démontre de bonnes pratiques d'alimentation et de cuisson qui peuvent prévinir la malnutrition
UNICEF/Djibouti/UN057A5573/C.Nyamhunga
Un groupe de femmes âgées et jeunes suivent une formation en nutrition animée par Fatouma. Les comités de gestion communautaire forment les femmes de la communauté sur les bonnes façons de préparer des repas nutritifs pour leurs enfants et de prendre soin d'eux-mêmes pendant la grossesse.

Fatouma a été formée à l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants au niveau communautaire dans le cadre des activités du sous-comité des jeunes de l'Union nationale des femmes djiboutiennes (UNFD). Elle a une connaissance approfondie de la prévention de la malnutrition. L'accent est également mis sur l'éducation des parents à la prévention de la malnutrition grâce à de bonnes pratiques d'alimentation du nourrisson et du jeune enfant.

Le théâtre communautaire, les messages radio et les visites à domicile des agents de santé et des bénévoles font tous partie de la campagne de sensibilisation de l'UNFD pour encourager les bonnes pratiques alimentaires. Il est essentiel de dépister la malnutrition chez la mère enceinte : une bonne nutrition pendant cette période jette les bases du reste de sa vie. L’accès des femmes enceintes à des soins de qualité avant, pendant et après la grossesse est un investissement fondamental dans la santé et le bien-être des enfants et de la société dans son ensemble.

Notre conversation avec Fatouma se poursuit alors que nous essayons d'avoir une compréhension approfondie de son rôle de championne de la nutrition des jeunes. Fatouma n'a jamais pensé qu'elle deviendrait une force influente dans sa communauté. Tenant la sangle MUAC alors qu'elle se prépare à évaluer un enfant, elle continue de raconter ses connaissances sur la nutrition et son travail bénévole.

La championne de la nutrition s'occupe d'une mère et de son bébé à Hayabley
uNICEF/Djibouti/UN057A5530/C.Nyamhunga
Fatouma, 20 ans, est une alliée puissante dans la lutte contre la malnutrition à Hayabley. En tant que membre des comités de gestion communautaire, elle a été formée pour identifier les enfants souffrant de malnutrition dans la communauté et les orienter vers les centres de soins de santé.

« Depuis que j'ai été formé, je connais les signes de malnutrition, j'envoie l'enfant au centre de santé, où les infirmières peuvent mieux l'aider et le soigner. Les mères  me font confiance, c'est pourquoi ils ont fait de moi la dirigeante de l'aile jeunesse du Comité de gestion communautaire».

 

Fatouma

Grâce au travail et à l'influence de Fatouma, il y a eu une augmentation de l'adoption des pratiques recommandées en matière de santé, de nutrition et d'hygiène pour les mères, les nourrissons et les jeunes enfants au niveau communautaire. Son travail a fait une différence en encourageant des comportements positifs et en fournissant des conseils aux jeunes mères et aux autres jeunes. Les croyances et les pratiques culturelles étant profondément enracinées, Fatouma a réussi à travailler en étroite collaboration avec ces communautés, à gagner la confiance et à répéter continuellement les messages de soins appropriés aux nourrissons et aux jeunes mères nourricières.

Que fait l’UNICEF ?

Grâce au soutien financier de l'Union européenne et de l'USAID, l'UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) travaillent conjointement pour réduire la malnutrition à Djibouti. À Djibouti, l'UNICEF est le seul acteur à soutenir la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en soutenant l'élaboration de politiques et de stratégies, la fourniture de produits (aliments thérapeutiques prêts à l'emploi, des médicaments et des équipements). Il travaille également avec d'autres partenaires pour renforcer la capacité des agents de santé et communautaires à fournir des soins de qualité. De 2017 à 2018, l'UNICEF et ses partenaires ont réussi à mettre à disposition des fournitures essentielles pour les services de gestion des malnutritions afin de couvrir l'ensemble des cas de malnutrition sévères sur le territoire de Djibouti, y compris les réfugiés, les populations nomades et migrantes.