Il ne faut pas oublier que l’eau, c’est la vie

L’allégement de la corvée d’eau pour les femmes en milieu rural: Une nécessité à Bondara.

Iman Abdi Houssein
Zahra Ismail a 51 ans et vit à Bondara, une ville située à 10 kilomètres au sud de la ville de Dikhil, près de la frontière éthiopienne, raconte les difficultés que les habitants du village ont rencontrés depuis 2007, date à laquelle la distribution d’eau courante s’est arrêtée.
UNICEF Djibouti/2022/Iman Abdi Houssein
02 juin 2022

Zahra Ismail a 51 ans et vit à Bondara, une ville située à 10 kilomètres au sud de la ville de Dikhil, près de la frontière éthiopienne.

Zahra a 10 enfants ; certains d’entre eux vivent à Djibouti-ville, tandis que ses cinq plus jeunes enfants vivent avec elle dans leur village d’origine. Abdi est le plus jeune, il a 8 ans. Elle nous raconte les difficultés que les habitants du village ont rencontrés depuis 2007, date à laquelle la distribution d’eau courante s’est arrêtée.

Depuis, le village s’est doté de deux bornes fontaines à la suite des travaux de réhabilitation de l’adduction d’eau communautaire et à la création d’un réseau de distribution réalisée en partenariat avec la Direction de l’Hydraulique Rurale (DHR) du Ministère de l’Agriculture et de l’Eau, des travaux réalisées dans le cadre de la mise en œuvre du programme "EU-IGAD #COVID19 Response",  financé par l’Union Européenne géré par l'UNOPS, coordonné par l'IGAD et mis en œuvre par la GIZ, l'OIM, le TMEA, l'UNICEF et l'UNOPS et qui vise à renforcer la réponse du gouvernement de Djibouti aux effets de la pandémie de COVID-19 en matière d’approvisionnement en eau potable. Le programme atténue l'impact sanitaire et socio-économique de la pandémie de COVID-19 sur la région de l'IGAD par des actions coordonnées et globales dans 39 sites transfrontaliers de 7 pays.

L’eau est au centre des activités de la journée dans le village de Bondara. La durée de l’approvisionnement en eau varie en fonction de la distance à parcourir pour se rendre au point d’eau qui est un puit traditionnel non protégé, creusé directement dans le lit de l’oued pour puiser de l’eau d’une qualité incertaine. Ainsi, dans certaines conditions extrêmes, la corvée de l’eau peut occuper les femmes une bonne partie de la journée.

Une femme de se déplaçant pendant plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau à l’aide de jerricans placés sur le dos de ses ânes, et vivant près de la localité de Garanleh à Tadjourah.
UNICEF Djibouti/2022/Iman Abdi Houssein
Une femme de se déplaçant pendant plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau à l’aide de jerricans placés sur le dos de ses ânes, et vivant près de la localité de Garanleh à Tadjourah.

Les habitants de la localité se sont organisés sur la base d’une répartition des rôles et des responsabilités entre les hommes et les femmes.

Zahra raconte : « Dans notre village, la communauté s’est organisée autour d’une répartition des tâches entre les hommes et les femmes du village, et cela constitue la base de toutes nos interactions sociales. Généralement les hommes du village envoient paitre le bétail, qu’on ait des chèvres ou des chameaux. Ils s’occupent de les encadrer pendant qu’ils s’abreuvent. 

Pour couvrir les besoins en eau potable, ce sont les femmes de cette localité qui s’y attellent. Certaines avaient l’habitude de marcher plusieurs kilomètres pour pouvoir atteindre le point d’eau le plus proche. »

En effet, Zahra nous fait part du rôle centrale qu’occupe la femme dans l’organisation sociale du village de Bondara. En plus de s’acquitter des tâches domestiques, des soins et de l’éducation des enfants, les femmes sont des actrices à part entière de la vie économique de la localité.

Bondara étant une zone frontalière, près de 1500 migrants, convoyeurs de bétail destinés au marché de Djibouti, traversent la localité tous les mois. Cette population migrante et les 600 personnes qui y habitent bénéficient des bornes fontaines.

Les températures extrêmes que peuvent subir la population et le manque de moyens de subsistance constituent un défi constant.

C’est en ce sens que l’approvisionnement en eau se trouvant au centre du village à moins de 100 mètres en moyenne des ménages de la localité constitue un apaisement dans l’esprit des habitants.

Pour couvrir les besoins en eau potable, ce sont les femmes de cette localité qui s’y attellent. Certaines avaient l’habitude de marcher plusieurs kilomètres pour pouvoir atteindre le point d’eau le plus proche.

Zahra

L’allégement de la corvée d’eau à donc un impact considérable sur la qualité de vie des femmes de la localité. Grace a cet appui de l’UNICEF, la communauté de Bandara a eu accès à un service basique d’eau potable conforme aux normes de l’Objectif de Développement Durable numéro 6.1.

Zahra ajoute : « Aujourd’hui, je collecte l’eau potable en quantité suffisante me permettant de satisfaire tous les besoins domestiques de ma famille à la borne fontaine qui a été installée près de mon domicile. Ainsi, je suis libérée de la contrainte de marcher quotidiennement plus de 3 kilomètres pour trouver de l’eau de mauvaise qualité et en quantité limité, que j’aurai à transporter dans un jerrican rempli d’eau sur mon dos ou sur un âne.   

Nous remercions le gouvernement et ses partenaires pour nous avoir permis d’améliorer nos conditions d’approvisionnement en eau potable grâce à la réhabilitation de l’adduction et la mise en place réseau de distribution d’eau potable. Nous avons plus de temps pour nous consacrer à d’autres tâches du quotidien, et nous savons que cette eau qui est disponible pour tous est propre. En tant que mères et parents, nous ne nous inquiétons plus pour nos enfants, et sommes satisfaites de cette disponibilité. Il ne faut pas oublier que l’eau, c’est la vie ! ».

Face au changement climatique qui affecte des populations déjà vulnérables, des efforts sont déployés et doivent se poursuivre afin de mettre à disposition des solutions vitales et durables pour tous, notamment pour les enfants.  

Des familles de la localité de Bondara auprés d'une borne d'eau potable mise en place dans le cadre du projet UNICEF
UNICEF Djibouti/2022/Iman Abdi Houssein
Des familles de la localité de Bondara auprés d'une borne d'eau potable mise en place dans le cadre du projet UNICEF