En République du Congo, les « Femmes Lumières » brillent pour les enfants
Au cœur des forêts luxuriantes du nord de la République du Congo, un groupe de femmes dévouées aide les communautés isolées à vaincre la malnutrition.

MBANDZA, République du Congo - Véronique Etima était inquiète. Elle pouvait voir que quelque chose n'allait pas avec les enfants de sa communauté. Ils présentaient certains des mêmes symptômes que sa nièce avant sa mort.
« Au début, nous ne savions pas ce qui s’était passé. Mais je pouvais voir que beaucoup d'enfants dans notre communauté montraient les mêmes signes », a-t-elle raconté à Mbandza, un petit village autochtone situé au cœur des forêts de la région de la Likouala, dans le nord de la République du Congo. « J'ai donc décidé d'apprendre. C’est à ce moment-là que nous avons compris que ma nièce était morte de malnutrition ».

La malnutrition chronique touche environ un tiers des enfants de la région de la Likouala. Mais ‘Maman Véronique’, comme on l’appelle dans son village, était déterminée à comprendre ce qui se passait et à changer le destin des enfants de Mbandza. Ce qu'elle a appris depuis sur la nutrition lui permet non seulement de garder son enfant en bonne santé, mais également de partager des conseils vitaux avec d'autres familles.

Entouré de forêts luxuriantes, Mbandza, le village de Maman Véronique dans l’extrême nord de la République du Congo, est situé à environ 1 300 kilomètres de Brazzaville. Il s’agit d’un voyage de plus de deux jours depuis la capitale – par des routes cahoteuses et en traversant des fleuves – jusqu’à l’une des régions les plus isolées du pays.

Maman Véronique berce Isidore, son fils de 13 mois, alors qu'elle participe à une séance de dépistage de la malnutrition. Après avoir perdu sa nièce, elle était déterminée à faire tout ce qui était nécessaire pour que les parents de sa communauté ne subissent jamais la douleur de perdre un enfant souffrant de malnutrition.
Après avoir entendu parler de l'Association de lutte contre la malnutrition (ALCM), une organisation à base communautaire fondée en 2007, elle est rapidement devenue un membre actif des « Femmes Lumières », un groupe de femmes formées par l’association pour lutter contre la malnutrition parmi les enfants.

L’alimentation des communautés autochtones de la République du Congo dépend principalement de ce qu’elles peuvent obtenir de la chasse, de la pêche ou dans les forêts. De nombreux habitants ont ainsi un régime alimentaire limité. Mais Maman Véronique dit que la majeure partie de la nourriture qu'elle prépare désormais pour sa famille provient des produits qu'elle récolte dans les champs, auxquels elle accède en traversant la forêt.

Maman Véronique est en train de récolter une partie des produits qu'elle cultive. Les aliments actuellement cultivés ou disponibles localement, notamment les épinards sauvages, le manioc, les melons, les arachides, le soja et l'igname, sont utilisés en complément des ingrédients issus de la chasse et de la pêche traditionnelles.

Les ingrédients supplémentaires permettent à Maman Véronique et à d’autres membres de la communauté de préparer des repas plus équilibrés pour leurs familles.
« J’ai appris qu’il existe différentes catégories d’aliments qui, une fois mélangés, aident à protéger et à donner force et énergie aux enfants », dit-elle.

Maman Véronique est assise avec son fils et deux autres enfants dont elle s'occupe pendant qu’ils mangent. Elle est heureuse que son fils soit en bonne santé, mais elle est également ravie d'avoir pu aider d'autres enfants de la communauté.

Maman Véronique anime des cours de cuisine pour les parents afin de les aider à apprendre à préparer des repas sains avec ce qui est disponible localement. Les taux de malnutrition sont particulièrement élevés parmi la population autochtone vulnérable dans la région, où les communautés ont un accès limité aux services de santé et aux informations de base, notamment en matière de nutrition.

Des Femmes Lumières mènent également des activités de sensibilisation à la malnutrition dans la ville voisine de Bétou. Maman Véronique, montrant une affiche, dit que ce qu'elle a appris a été inestimable et l’aide également à diriger certaines sessions de sensibilisation.
« J'ai appris que l'allaitement maternel exclusif jusqu'à l'âge de six mois était la meilleure chose qu'une mère puisse faire pour son bébé. J'ai aussi appris à quel point l'hygiène et l'assainissement sont essentiels pour lutter contre la malnutrition », dit-elle.

Des Femmes Lumières expliquent comment préparer un repas sain. L'ALCM mène diverses activités, notamment le partage d'informations sur l'hygiène et l'assainissement, la mise en place de cliniques mobiles permettant de rapprocher les interventions en matière de nutrition et de santé, y compris la vaccination, des populations isolées. L'organisation met également en œuvre des initiatives agricoles dirigées par les communautés pour aider à diversifier la production alimentaire et générer des revenus, notamment en utilisant un moulin fourni par l'UNICEF pour transformer le soja.

Les démonstrations culinaires ne sont pas uniquement destinées aux adultes. Des enfants y participent également, assistés par des Femmes Lumières.
« Petit à petit, les choses changent », explique Maman Véronique, soulignant que ces initiatives contribuent à maintenir les enfants de la communauté en meilleure santé. « Nous voyons de moins en moins d'enfants présentant des signes de malnutrition. »
« Il reste encore du travail à faire, mais les membres de ma communauté comprennent et acceptent qu’il est nécessaire de changer les pratiques pour que nos enfants puissent avoir un avenir meilleur. »
Pour en savoir plus sur Le nouveau visage de la malnutrition