« L’eau n’est pas contaminée, nous pouvons cultiver» dit le chef du village Yakossi

Adoption de l’ATPC dans 3 villages près de Bossangoa.

Joyce Brandful
Les 3 chefs de villages scellant l'adoption de l'ATPC
UNICEF/J.Brandful/2021
24 février 2022

À Kana, à 26 kilomètres au nord de la capitale Bossangoa, trois villages adjacents, Kana 1, Kana 2 et Menema avec une population totale d’environ 357 personnes ont adopté l’assainissement total pilote par la communauté (ATPC). Il s’agit d’une approche promue par l’UNICEF et le gouvernement de la République centrafricaine (RCA) pour promouvoir l’hygiène et l’assainissement. L’ATPC est promue dans 70 localités de Bossangoa et de Paoua et est mise en œuvre par l’intermédiaire d’une ONG partenaire i3d, avec des fonds fournis par l’UE-BEKOU.

« Notre première évaluation à KANA a montré qu’il y avait un problème de santé que la population elle-même a finalement associé à l’absence de latrines, à une hygiène et à un assainissement inadéquats », explique Apollinaire Serouma, responsable de i3d pour Bossangoa et Paoua. Il supervise les équipes locales sur les deux sites.
Les membres de la communauté ont accepté le projet lors de notre toute première visite et interaction avec eux. La marche « déclencheur » dans toute la collectivité a été suivie par la démonstration qui a montré la chaîne de contamination de l’eau. La plupart des villageois – hommes, femmes et enfants – ont eu peu de doutes quant aux effets l’eau contaminée sur le bien-être général de la population.
Chacun des trois établissements a un chef local. L’un d’eux, François Yakossi est le chef du groupe de 3 villages. Il est également conseiller auprès du comité local de l’eau et de l’hygiène que l’ONG i3D a aidé à mettre en place. Le comité oriente la mise en œuvre de l’ATPC et veillera à ce que les progrès réalisés en matière d’hygiène et d’assainissement soient soutenus.

« Nous étions presque prêts en novembre dernier à remplir toutes les conditions de certification - c’était il y a environ un an. » Mais peu après, les villages sont devenus dangereux, car il y a eu des attaques dans la région par des groupes armés. Beaucoup de gens ont quitté le village pour se cacher dans les buissons lorsque les hommes armés sont venus attaquer. Il y a quelques mois, le calme a commencé à revenir. Cela fait maintenant plus de trois mois, mais ce ne sont pas tous les ménages qui sont revenus au village. « Nous ne pouvons pas comptabiliser les latrines dans chaque ménage. Je crains que cela ne retarde notre certification. »

François Yakossi, le chef du village, sait très bien ce que les membres de sa communauté doivent faire chez eux et dans la communauté en ce qui concerne l’eau, l’hygiène et l’assainissement - avant que la communauté puisse se considérer admissible à la certification ATPC. Lui et d’autres membres du comité, ainsi que l’ONG de facilitation i3D visitent fréquemment les retardataires et les membres réticents de la communauté un par un. « Nous devons toujours nous assurer que nous avançons tous ensemble en même temps, pour le bien de tous... »

« … même une seule maison qui ne couvre pas ses latrines peut détruire tous les efforts de chacun et mettre notre santé en danger. »

les habitants en train de controler la pompe a eau du village
UNICEF/J.Brandful/2021

Pour accompagner l’amélioration des pratiques d’hygiène, l’ATPC veille à ce qu’il y ait une meilleure eau disponible dans la communauté. KANA dispose de deux pompes à eau, et les fonds UE-BEKOU ont permis de former un artisan résident pour effectuer des réparations mineures sur la pompe. Au total, il y a 24 réparateurs artisanaux formés localement, chacun équipé d’outils, à Bossangoa et Paoua. L’UNICEF RCA fait appel aux techniciens gouvernementaux de l’Agence nationale responsable de l’eau et de l’assainissement (ANEA) lorsque des travaux d’entretien et de réparation plus complexes des pompes à eau sont nécessaires. 

Marie Augustine Toula, 37 ans, est mère de cinq enfants survivants dans sa famille. Elle nous parle de la nécessité pour les ménages d’identifier et d’isoler une zone propre pour entreposer et couvrir l’eau qu’ils boivent et utilisent pour cuisiner.

Avec l’aide des jeunes de la communauté, chaque ménage a obtenu du bois pour construire une étagère pour stocker leurs ustensiles de cuisine et de consommation. De cette façon, les ustensiles sont éloignés du sol et des excréments des rongeurs et des ruminants.

Marie Augustine témoigne des bienfaits de l'ATPC sur la santé de ses enfants. « En ce qui concerne la maladie chez nos enfants, je peux vous dire qu’elle est de moins en moins fréquente. » 

Marie Augustine devant ses latrines
UNICEF/J.Brandful/2021

Les habitants de KANA sont des paysans qui cultivent le manioc, le sésame et les haricots. Certains récoltent aussi du miel sauvage pour le vendre. Le coût du revêtement de leurs latrines domestiques, tel que recommandé, est trop élevé pour de nombreuses personnes. Ils ont convenu collectivement avec le comité local d’utiliser de la paille lorsque la famille ne peut se permettre les briques brûlées plus durables. La paille sèche et se flétrit au fil du temps, de sorte qu’ils doivent être remplacés de temps en temps. Heureusement, il est facilement accessible, et on n’a pas besoin d’aller loin du quartier pour l’obtenir.

un exemple de latrine au village
UNICEF/J.Brandful/2021

Le comité local de l’eau et de l’assainissement rencontre les membres de la communauté tous les jeudis. « Nous ne sanctionnons pas ceux qui ralentissent tout le monde, mais lorsque nous leur rendons visite, nous nous servons des expériences d’autres ménages pour les inspirer et les motiver », dit le chef. Parfois, les facilitateurs d’ONG de i3D sont invités à accompagner le comité de l’eau lors de ces visites aux individus.

Depuis le début du projet, les changements sont visibles et faciles à voir, dit le chef. « Nous n’entendons pas souvent les gens se plaindre de maux d’estomac ou de ballonnements. La pluie ne peut plus envoyer de matières fécales dans notre eau. L’eau n’est pas contaminée et c’est pourquoi aujourd’hui nous sommes tous en bonne santé et pouvons faire notre travail en tant qu’agriculteurs. »