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A Ouaga Côté Court, Aourétou en apprend plus sur les mariages d’enfants au Burkina Faso

Du 18 au 25 novembre 2023 s’est tenu le festival « Ouaga Côté Court », où des films coproduits par l’UNICEF au Burkina Faso sur le mariage d’enfants ont été projetés.

Myriam Dossou
Ouaga côté Court
UNICEF/2023/MyriamDossou
30 novembre 2023

Dans l’obscurité de la nuit, rue de YAM NI YAM K,  à Kamsonghin, quartier de Ouagadougou, au milieu des ronronnements des pots d’échappements des rares motos de passage, des voix de personnes dialoguant se font entendre jusqu’au loin. Ici est projeté en plein air le troisième épisode de « Envers et contre tout », une série fiction de six épisodes réalisés par les étudiants en fin de cycle de l’Institut Supérieur de l’Image et du Son (ISIS), en coproduction avec l’UNICEF au Burkina Faso.  

Aourétou Saga, une jeune fille de 15 ans est assise parmi les jeunes spectateurs. Elle a l’air émerveillée et captivée. Depuis le début des projections le 18 novembre, elle ne manque pas les séances.

« Quand je suis venu ici le 18, ils ont commencé les projections de films. Ça m'a tout de suite captivée parce qu’on parlait de plusieurs sujets très intéressants », explique Aourétou Saga.

Déscolarisée depuis bientôt 4 ans, elle vient chaque soir à la place, où sont projetés les films pour y vendre des brochettes en compagnie de sa grand-mère. C’est fortuitement qu’elle a eu l’occasion de voir ces projections.   

« Ça me fait mal d'être déscolarisée. Dans les films, j’ai vu qu’un enfant à le droit d’aller à l’école. Mais par manque de moyens, moi je n'ai pas pu continuer. J’ai arrêté ma scolarité en classe de CM2. Aujourd’hui je voudrais commencer un apprentissage pour mon avenir. Je voudrais faire de la danse » 

Le film « Envers et contre tout » en projection à YIN NI YAM K
UNICEF/2023/MyriamDossou
Le film « Envers et contre tout » en projection à YIN NI YAM K

Dans les films projetés en plein air, plusieurs ont dénoncé les violences basées sur le genre et d’autres sujets sensibles mais il y en a un qui a abordé l’exploitation des enfants. Il s’agit de "Garibou” du réalisateur malien, qui a été primé pour sa promotion des droits des enfants par l'UNICEF.  

 

Bilal Sougou de l'UNICEF remet le prix UNICEF pour la promotion des droits de l'enfant au réalisateur  de « Garibou »,le franco-malien, Seydou Cissé.
UNICEF/2023/MyriamDossou
Bilal Sougou de l'UNICEF remet le prix UNICEF pour la promotion des droits de l'enfant au réalisateur de « Garibou »,le franco-malien, Seydou Cissé.

Garibou est l'appellation des jeunes mendiants au Mali. Dans le film, Baillo est un jeune « Garibou » qui mendie chaque jour pour le compte du Moualim, son maître coranique. Le soir, le Moualim fait régner la terreur sur les élèves de son école coranique. Pour échapper à cette tyrannie, Baillo se réfugie dans son imaginaire. Mais lorsque son petit frère Sékou, âgé d’à peine 6 ans, est à son tour placé chez le Moualim, rien ne peut plus le détourner de l’insupportable réalité de leur condition. Ce film touchant sur l’exploitation des enfants a fait couler les larmes des spectateurs qui l’ont regardé lors des soirées de projection organisées dans le cadre ce festival. 

« Quand on a fini de regarder ce film, tout le monde était silencieux dans la salle. Il y en avait même qui en avaient les larmes aux yeux », témoigne Samson Somé, administrateur du festival. 

Pendant les sept jours de projection en plein air, dix autres courts métrages réalisés par ISIS, ont été projetés au quartier de Kamsonghin.  

Pour la championne de l’UNICEF Irène Tassembedo, ce festival va permettre de faire connaitre les films de court métrage qui ne sont pas vraiment valoriser auprès du grand public.

Irène Tassembédo
UNICEF/2023/MyriamDossou
Irène Tassembédo, championne de l'UNICEF pour la lutte contre le mariage des enfants.

Pour l’UNICEF, ce festival est une opportunité pour sensibiliser sur le droit à la protection, et sur l’exploitation et les abus dont sont victimes bon nombre d’enfants. « Il offre un espace d’expression pour continuer à sensibiliser sur les exploitations et les abus dont sont victimes bon nombre d’enfants et sur la nécessité de préserver et de respecter les droits de l’enfant », a déclaré John Agbor, Représentant de l’UNICEF au Burkina Faso.   

Au Burkina Faso, le taux de prévalence du mariage d’enfants est de 52 pour cent, l’un des plus élevé au monde. De milliers de jeunes filles de moins de 18 ans sont obligées d’arrêter leur éducation, de se marier à bas âge et de voir leur rêve d’avenir s’envoler. La série « Envers et contre tout » sur le mariage d’enfants renforce la sensibilisation des parents et des communautés.  

A l’occasion de ce festival, un débat sur la lutte contre les violences basées sur le genre a même été organisé le jeudi 23 novembre 2023. Il faut noter que la plupart des films de court métrage abordent des sujets qui touchent aux droits humains, dont ceux des enfants. Malheureusement, ces films n’ont pas l’occasion d’être vus par la majorité. Ouaga Côté Court vient combler ce manque et donner une visibilité accrue au court métrage car il n’y a que très peu d’espace de diffusion pour les films courts sur le continent africain. Le festival se positionne en complémentarité du FESPACO avec lesquels l’UNICEF a engagé une collaboration active pour sensibiliser davantage les communautés sur les droits de l’enfant, à l’aide du cinéma.