Louise, journaliste radio et championne de la protection des enfants.
A la découverte d'une défenseuse des droits de l'enfant
Journaliste et animatrice en charge des productions relatives aux droits de l'enfant, Louise Bio Bouadé est la seule femme à la rédaction de Radio Bio Guera FM dans la commune de Ségbana, située au nord-est du Bénin. A l’occasion de la Journée internationale de la Radio et de la Télévision en faveur des Enfants (JRTV) célébrée chaque 6 mars, notre collègue Reine David Gnahoui, Associée à la Communication, a parcouru plus de 650 km pour aller à la rencontre de cette championne de la protection des enfants.
Radio Bio Guera FM de Ségbana est l'une des rares radios communautaires au sein de laquelle exerce une femme, surtout dans la zone septentrionale du Bénin.
Déterminée à se battre dans son travail pour émerger parmi les hommes, elle est très fière d’exercer cette profession qui lui sert de tremplin pour défendre et promouvoir les droits de l’enfants. « Au sein de la rédaction, je réalise des émissions qui se focalisent sur la santé des enfants, notamment l'alimentation des enfants et la lutte contre la malnutrition » précise-t-elle.
Pour Louise, le droit à la santé de l’enfant commence depuis le ventre de sa mère. C’est pourquoi, elle consacre aussi une partie de ses émissions pour « sensibiliser les femmes sur le respect des calendriers des consultations prénatales, mais aussi sur la reconnaissance des signes de danger chez les enfants ».
Par ailleurs, « j'anime aussi une émission sur la lutte contre le travail des enfants » explique Louise toute fière de contribuer à sauver la vie des enfants des mains de leurs prédateurs. « En 2020, par deux fois, des trafiquants d'enfants ont été interceptés à Ségbana, grâce à la collaboration des populations avec la police et le Centre de promotion social (CPS). J'ai été très fière parce que grâce à mes émissions, la population a compris la gravité de la traite des enfants et elle signale désormais les cas de traite d’enfants » rapporte la championne des droits de l’enfant.
Loin des micros, des enregistreurs et de son bloc note, Louise promeut également les droits de l’enfant au sein de sa communauté. « Mon engagement à protéger les enfants m’a conduit actuellement, en collaboration avec ma famille et avec l'aide du CPS de Ségbana, à abriter chez nous une veuve et ses trois enfants mineurs. La plus âgée a 8 ans et le plus petit 11 mois. J'ai lutté pour que celle qui a 8 ans puisse être scolarisée. Elle a commencé la rentrée scolaire 2020-2021 et fréquente la première année d’une école publique primaire » raconte Louise, l’émotion dans la voix.

A l’instar de ses confrères, elle affronte toutes les difficultés liées au métier du journalisme. Aller sur le terrain pour réaliser les reportages, être prise de court pour aller faire un repérage ou une enquête, de jour comme de nuit, revenir transcrire les informations collectées, être retenue tardivement pour une émission, etc. « Cela m'avait semblé difficile au début, mais avec détermination j'assure toutes les tâches qui me sont confiées, » indique-t-elle en mentionnant tout de même le soutien de ses collègues.
« Le journalisme est le travail du terrain et exige de travailler avec une certaine vigueur et de la rigueur. Quand tu es au micro et que tu te rends compte que des milliers d’auditeurs t’écoutent, cela t’effraie un peu. « J’exerce ce métier avec de la joie et de la détermination et je m’en sors bien. Le métier de journalisme peut faire peur aux femmes mais c’est parce qu’elles ne l’ont jamais tenté » affirme la professionnelle des médias.
Durant cette période de COVID-19, Louise sensibilise la population et les enfants sur la pandémie durant ses émissions et parle à son auditoire de la gravité de la maladie. Elle exhorte la population à respecter scrupuleusement les gestes barrières.
« Nous faisons des recherches sur internet et mettons les chiffres à la disposition de la population. Nous les informons des décès qu’il y a dans les autres pays et au Bénin pour leur montrer que la maladie est vraiment dangereuse. Nous insistons beaucoup sur le lavage des mains et le port de masque car dans notre milieu c’est un peu compliqué de faire autrement » argumente la journaliste.
Louise espère que d’autres femmes lui emboiteront le pas pour devenir des championnes des droits de l’enfant. De même, elle souhaite l’émergence de plusieurs femmes journalistes pour contribuer ainsi à diversifier le milieu des médias au Bénin.