Kadidja, 14 ans transforme le handicap en force
Déterminée et inspirante, elle repousse les limites pour tracer son propre chemin.

L'éducation des filles au Bénin a connu des avancées significatives au cours des dernières décennies, mais elle reste confrontée à de nombreux défis. Bien que le taux de scolarisation des filles ait augmenté, l'accès à l'éducation pour les filles, en particulier dans les zones rurales et les communautés agropastorales, demeure un enjeu crucial.
Kadidja, âgée de 14 ans et en classe de CM2, vit dans une petite communauté agropastorale, à quelques kilomètres de l’Arrondissement de Pehunco centre. La commune de Ouassa-Pehunco est une ville du nord-ouest du Bénin. C'est l'une des neuf communes du département de l'Atacora. Malgré son handicap, Kadidja se bat pour atteindre ses objectifs. Elle est borgne, mais cela ne l'empêche pas de poursuivre sa scolarité à l'école primaire publique de Sinanwarou. Elle vient du camp peulh de Naressararou, un endroit où l'éducation des filles est souvent négligée, les parents n'ayant pas l'habitude d'envoyer leurs filles à l'école. Dans cette communauté, très peu de filles sont inscrites à l’école.
"Je fais partie des meilleurs élèves de ma classe," raconte Kadidja, avec une fierté. Pourtant, malgré sa bonne performance académique, elle a échoué l’année passée à l'examen du Certificat d'Études Primaires (CEP) l'année dernière. Cette déception a été un véritable coup dur. "Cet échec m'a donné envie de ne plus retourner à l'école," confie-t-elle.

Quand l'école a repris, Kadidja a d'abord refusé de retourner en classe. Elle craignait le regard des autres et les moqueries de ses camarades. La directrice de l'école, Wassiratou, est allée chez elle pour la convaincre de reprendre le chemin de l'école. "Elle est devenue comme une deuxième maman pour moi," dit Kadidja. Grâce à la gentillesse et au soutien de Wassiratou, Kadidja a repris les cours, et son travail acharné a porté ses fruits. Après les premières compositions, elle s'est retrouvée première de sa classe. Wassiratou suit de près Kadidja, l'aide et la conseille dans ses études, mais aussi dans sa vie personnelle. "J'ai plus confiance en elle," déclare Kadidja. "Je lui raconte tous mes problèmes et elle m'aide toujours. Je suis très contente de l'avoir dans ma vie." Le soutien de la directrice a tout changé pour Kadidja
Kadidja rêve d'un avenir meilleur, et son ambition est de devenir infirmière pour pouvoir aider les gens de sa communauté. "Je sais que j'ai 14 ans et que je suis un peu en retard par rapport à ma classe, mais mon papa ne m'a pas inscrite à l'école très tôt," explique-t-elle. "Je voudrais bien que le programme Cash+ Care Faaba m'accompagne jusqu'en troisièmes." Ce programme, qui l'aide financièrement, lui permet de continuer à aller à l'école malgré les difficultés.
" Kadidja est une jeune fille respectueuse et disciplinée. Elle ne cherche pas les ennuis, mais elle est au contraire déterminée à réussir et à changer le cours de sa vie. En tant que conseillère en orientation, je l'écoute attentivement et je l'accompagne dans ses démarches" - confesse la directrice.
Grâce à l’appui des Pays-Bas, du Canada, du gouvernement et du partenaire de mise en œuvre Care -Bénin, plus de 10 000 filles ont pu bénéficier du programme Cash + Care et d’être ainsi maintenues dans le système scolaire.