Journée de l'Enfant Africain 2022

Les enfants de l’Atacora plaident pour l’arrêt des pratiques néfastes affectant leurs droits.

Hippolyte Djiwan
JEA 2022 au Benin
©UNICEFBenin-Juin-2022-Tony-Ametepe (28)
16 juin 2022

A l’instar des pays de la région, plusieurs manifestations ont marqué la célébration de la Journée de l’Enfant Africain (JEA) au Bénin le 16 juin 2022. A cette occasion, les enfants du département de l’Atacora, situé au Nord-Ouest du Bénin, ont invité les détenteurs de leurs droits à « prendre des actions fortes pour que les enfants du Bénin ne soient plus victimes des pratiques néfastes affectant les enfants ».

« Nous, enfants du département de l’Atacora, plaidons pour que les autorités du pays, quel que soit leur rang et leur niveau d’intervention, agissent et prennent des actions fortes pour que plus jamais, les enfants du Bénin, ne soient impactés par des pratiques néfastes affectant leurs droits ». Telle est la déclaration faite par Emmanuella Koukoui, Deuxième Adjoint au Maire Enfant de la commune de Natitingou ce 16 juin 2022, à la Maison des Jeunes de la municipalité. 

Emmanuella, 15 ans, en classe de troisième, membre de l’Association Nationale des Conseils d'Enfants du Bénin, a précisé que ce « plaidoyer est le cri de cœur des enfants des neuf communes de l’Atacora ».

La commémoration de la JEA 2022 dans l’Atacora a eu lieu autour du thème : « Élimination des pratiques néfastes affectant les enfants : Progrès sur les politiques et pratiques depuis 2013 ». Plus d’une centaine d’enfants, filles et garçons, venus des centres et ateliers d’apprentissage ainsi que des écoles et collèges de Natitingou, chef-lieu du département de l’Atacora, ont été invités à débattre sur cette thématique. 

Les pratiques néfastes mentionnées par les enfants durant les débats étaient, entre autres, la non-scolarisation des enfants, les grossesses en milieu scolaire, le harcèlement sexuel, le mariage des enfants, le viol des enfants, le travail forcé, les sacrifices d'enfants, et la négligence des enfants.

Loin de se contenter de lister les pratiques néfastes les affectant, les enfants ont proposé des stratégies pour lutter contre le phénomène. Il s’agit de « l’intensification de la sensibilisation des parents sur les droits de l’enfant,  le vote et l’application rigoureuse des lois, la punition et la sanction des auteurs des violations des droits de l'enfant, l’appel à tout le système éducatif et à la Police républicaine et les autorités pour la mise en place des boîtes à suggestion dans les établissements scolaires et tous les lieux publics pour recueillir les dénonciations et les doléances des enfants ».

Introduisant le débat sur le thème de la JEA 2022, Emile Alistaou, Chargé de la protection de l’enfant à la Direction Départementale des Affaires Sociales et de la Microfinance (DDASM) de l’Atacora a révélé que les grossesses précoces constituent l’une des pratiques néfastes affectant gravement les enfants de l’Atacora. Se référant à une étude conjointe réalisée par la DDASM, la Préfecture et Plan International Bénin, Emile Alistaou a expliqué qu’entre 2017 et 2020, 953 grossesses ont été enregistrées en milieux scolaires contre 1289 dans les milieux d’apprentissage dans l’Atacora et tire la conclusion qu’il reste encore beaucoup à faire pour la protection des jeunes filles.  

Intervenant au nom des partenaires techniques et financiers du secteur de la protection de l’enfant dans l’Atacora, Hippolyte Djiwan, en charge des interventions de l’UNICEF dans le département,  a souligné qu’il fallait redoubler d’efforts pour assurer la protection des enfants au du contexte sécuritaire dans les pays limitrophes. 

« La persistance de ces pratiques néfastes empêchent les enfants de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux tels qu'ils sont inscrits dans la Convention relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. Les préjudices causés par les pratiques néfastes ont un impact négatif sur leur dignité, intégrité, leur développement physique, psychosocial et moral, leur participation et leur santé ».

« J’invite tous les leaders religieux et traditionnels, les populations de tout âge et de toutes les couches, les parents et les collectivités locales, à prendre la pleine mesure de leurs responsabilités en faisant de la protection des enfants, une préoccupation de tous les instants », a déclaré Abdoulaye Affo, Secrétaire Général de la préfecture de l’Atacora, intervenant au nom de Madame le Préfet.