Éducation par les pairs pour le respect des droits des filles au Nord du Bénin
Faites la connaissance des enfants et adolescent.es engagés à éduquer leurs pairs pour un changement positif dans leurs communautés

Au collège d’enseignement général (CGE1) de Tanguiéta, ville du nord-ouest du Bénin, des élèves assistent à une séance d'animation qui se tient régulièrement au sein de leur établissement. Ici, pas de professeurs, ce sont les amis de classes appelés les pairs éducateurs qui initient et animent ces sessions d’apprentissage et de sensibilisation. Les pairs éducateurs sont des élèves, filles et garçons, formés pour faire connaître et appliquer les droits des filles en informant, en écoutant et en conseillant leurs camarades sur des thématiques qui les concernent comme la santé sexuelle et reproductive, le mariage des enfants, ou encore les mécanismes de signalement et de référencement en cas d’abus et de violences. Une éducation de tous, par tous, et pour tous qui consiste surtout à l’organisation d’activités pédagogiques et d’ateliers ludiques dans leur établissement sur un thème choisi par leurs soins.

C’est dans une ambiance chaleureuse avec des chants et des pas danse que Pierrot, 15 ans, paire éducateur engagé pour le respect des droits des filles, se rapproche de ses amis pour annoncer l’activité du jour, un sketch sur le mariage précoce et ses conséquences négatives sur la vie des victimes. Durant une quinzaine de minutes, Pierrot et ses amis ont offert une animation interactive, et participative et touchante tout en s’assurant de faire passer leurs messages. Comme à leur habitude, les 28 paires éducateurs du CEG1 de Tanguiéta terminent leur activité par une séance de questions-réponses pour renforcer et tester les connaissances de leurs apprenants.


Christine, paire éducatrice qui a joué le rôle de la fille victime de mariage d’enfants explique : “Nos sujets sont diverses car nous voulons discuter avec nos camarades de classe de ce qui les concernent directement. Notre précédente activité était une séance de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et elle avait pour objectif d’informer nos amis sur les méthodes de dénonciation de ces actes de violence. Nos amies viennent aussi souvent vers nous pour des questions sur la santé sexuelle et l’hygiène menstruelle.”
La communication entre pairs sur des sujets sensibles est plus fluide.
“Qu’est-ce que vous voyez sur cette image ? Qu’est-ce que ce dessin signifie ?” Ce sont les phrases que vous pouvez entendre lors des séances de sensibilisation menées par les pairs éducateurs de l’école primaire publique Porka de Tanguiéta à quelques kilomètres du collège d’enseignement général. C'est avec des outils adaptés à l’âge de leurs camarades qu’Anicette et Abel, 12 ans, élèves en classe de CM2 expliquent pourquoi il est important de protéger les filles contre le mariage des enfants et la violence. Pour communiquer facilement avec leurs camarades, en plus de traduire souvent leurs messages en langue locale, Anicette, Abel et tous leurs ami.es pairs éducateurs utilisent surtout les images d’illustration et des chants.


C’est dans le cadre de ce programme financé par le Canada, que l’UNICEF et ses partenaires œuvrent au renforcement des capacités des enfants, et notamment des adolescentes à travers le développement de la paire éducation. En effet, derrière les activités et tous les messages de ces jeunes animateurs engagés dans leurs établissements se trouvent des facilitatrices et facilitateurs grâce à l’appui d’un des principaux partenaires de mise en œuvre : EDUCO.
Prisca, 23 ans et basée à Tanguiéta, est l’une des 33 facilitatrices qui couvrent 4 des 10 communes prioritaires du programme. Elle a pour mission d’identifier et de renforcer les capacités des pairs éducateurs durant une période donnée au sein de leurs établissements et villages respectifs. Prisca joue aussi un rôle important dans la veille scolaire et communautaire en accompagnant les différents acteurs, notamment les enfants, adolescent.es et comités de veille dans la détection, le signalement et le référencement des cas de violences et d’abus.
Des séances de suivi des activités menées par ses mentorés sont aussi organisées de façon régulière afin d’assurer l’amélioration continue du programme.


Ce programme, appuyé par le Canada, est mis en œuvre au niveau national et les interventions communautaires se font spécifiquement dans 10 communes du Nord Bénin. Il contribuera à outiller plus de 15.000 filles sur l’identification et le référencement d’enfants à risque ou victimes de violence, le mariage des enfants, la gestion pacifique des conflits et la cohésion sociale, la gestion de l'hygiène menstruelle ou encore les droits à la santé sexuelle et reproductive. Ces filles, qui bénéficient aussi de séances de compétences de vie courantes, sont activement engagées pour la mobilisation de plus de 90.000 adolescents, adolescentes et jeunes sur ces thématiques lors d’actions de mobilisations communautaires et au sein des écoles. Plus que de l’autonomisation en termes de connaissances, ce programme contribue à faire des filles de véritables actrices de changements, aptes à s’auto-protéger, à protéger leurs paires, ainsi qu’à mobiliser les garçons autour de la masculinité positive.
Pour chaque fille, tous ses droits.