Au Sud-Darfour, pour les personnes déplacées internes, trouver de l’eau est un nouvel enjeu

Au Sud-Darfour, pour les personnes déplacées internes, trouver de l’eau est un nouvel enjeu

Par Alastair Beach
UNICEF Sudan/2015
28 mai 2018

Auparavant, au camp de Kalma pour personnes déplacées internes, au Soudan,  il était difficile de se procurer de l’eau. En 2014, un afflux important de nouveaux arrivants a fait que davantage de personnes ayant besoin d’eau se sont trouvées obligées de creuser leurs propres puits. L’an dernier, l’UNICEF a appuyé un projet de construction de nouvelles installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement apportant ainsi un soutien précieux aux nouveaux arrivants du camp.
  

CAMP DE KALMA, Sud-Darfour, Soudan, 5 juillet 2016 – Quand, en 2014,  Mohamed Abdel Hamid, 45 ans, s’est retrouvé au camp de réfugiés de Klam, il avait laissé derrière lui un monde dévasté.

Sa ville natale n’était guère plus que ruines fumantes, détruite par des hommes armés qui avaient surgi de nulle part, montés sur des chameaux et des chevaux.   

Lui et des centaines d’autres personnes avaient été obligés de parcourir à pied cinquante kilomètres à travers le désert brûlant jusqu’à ce qu’ils finissent par trouver un refuge à Kalma, au Sud-Darfour.

Mais, dit-il, les conditions, lors de leur arrivée, étaient difficiles. « Si vous vouliez aller aux toilettes, il fallait demander aux personnes qui étaient déjà là s’il était possible d’utiliser celles de leurs habitations. »

« Se procurer de l’eau était difficile », ajoute ce père de huit enfants. « Les gens étaient obligés de creuser leurs propres puits. Certains soldats essayaient de nous en empêcher et à la fin nous envoyions nos propres enfants pour le faire. »

Mohamed s’est retrouvé dans le Secteur n° 8 du camp, une zone qui est devenue le lieu de résidence d’un nombre considérable de nouveaux réfugiés fuyant les violences au Darfour.
 

Une lourde contrainte

Au début, les installations étaient en nombre insuffisant. Environ 15 700 autres personnes déplacées internes sont arrivées la même année que Mohamed.

En plus des 18 000 nouvelles personnes arrivées l’année précédente dans le secteur, cela représentait une lourde contrainte pour les services de santé et d’hygiène du camp.

En conséquence, l’UNICEF a appuyé l’an dernier un projet destiné à améliorer l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH) dans les zones où s’installaient les personnes déplacées nouvellement arrivées.

Financé par des donations du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) et mis en place par  l’American Refugee Council (ARC), le programme a finalement permis la construction d’installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement qui répondent aux besoins d’une population équivalente à celle d’une grande ville.

À des personnes comme Mohamed, arraché si soudainement à son ancienne vie du Darfour rural, il a apporté un précieux soutien.

« La situation s’est vraiment améliorée depuis que je suis arrivé », dit-il. « À présent, nous avons assez d’eau pour que les gens puissent laver leurs vêtements et faire leur toilette. Nous avons aussi davantage de latrines. »

« La vie, c’est avoir suffisamment d’eau », ajoute-t-il. « On ne peut pas vivre quand on n’en a pas. »

Le programme WASH pour les nouveaux arrivants à Kalma a été mis en place 2014. Selon Mohamed Adam Mohamed, membre du comité WASH de l’ARC, les organisateurs se sont d’abord attaqués au problème des sanitaires.

« La première chose que nous avons faite a été de construire des latrines », dit-il. Environ 800 ont été construites dans le secteur 8, assez pour qu’il y en ait une pour quatre familles. »

Après ça, des techniciens ont creusé des puits de forage pour améliorer l’accès à l’eau salubre. Deux d’entre eux ont été équipés de pompes manuelles tandis que les deux autres sont alimentés par des générateurs. Les puits de forage à moteur ont également été raccordés à des pompes submersibles acheminant l’eau vers huit points de distribution situés au-dessus du niveau du sol.

« Avant que nous creusions les puits, les gens buvaient de l’eau provenant de points non protégés et creusaient leurs propres puits », dit Mohamed. « Un des puits s’est même effondré sur une femme. Elle est restée coincée dessous pendant trois heures avant que quelqu’un parvienne à la tirer de là. »

Outre l’apport d’installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement, l’appui de l’UNICEF a aussi permis la formation de trente bénévoles locaux qui encouragent la population du camp à avoir une bonne hygiène.
  

« Les gens n’ont pas assez d’argent pour s’acheter du savon »

Adam Mousa, un mobilisateur social âgé de 45 ans, est l’un de ces bénévoles. Originaire du Darfour central, il est arrivé à Kalma en 2004, une milice ayant incendié son village. 

Une fois par mois, lui et les autres bénévoles participent à la mobilisation de la population du Secteur 8 pour nettoyer les différents quartiers.

« Nous commençons par les rues et nous faisons ramasser par les gens leurs déchets puis nous les emmenons à l’extérieur du camp et nous les brûlons », dit-il.

« Mais nous effectuons aussi des visites à domicile. Chaque bénévole doit aller chaque semaine dans vingt habitations. Quand nous nous rendons dans les maisons, nous examinons aussi les casseroles et les cocottes, les toilettes et l’état général de propreté de l’habitation.

Nous examinons aussi les gens eux-mêmes pour voir s’ils sont propres ou pas ainsi que le niveau d’hygiène de leurs animaux. »

Pour Adam, l’un des problèmes principaux du camp est celui de l’hygiène personnelle.

« Je demande aux gens pourquoi ils ne lavent pas leurs enfants ou leurs casseroles et ils répondent qu’ils ne peuvent pas parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour acheter du savon. »

« Je suis devenu bénévole parce que je connais l’importance de l’hygiène et les effets négatifs de l’insuffisance de propreté. Je veux aider les gens à éviter de tomber malades ; voilà pourquoi j’ai fait cela. »