Au Yémen, la détermination d’une mère pour que ses enfants restent scolarisés

Au Yémen, environ 2 millions d’enfants ne sont actuellement pas scolarisés

Par Rajat Madhok
UNICEF Yemen/2016/Madhok
03 octobre 2016

SANAA, Yémen, le 3 octobre 2016 – Voici Um Osama, qui se bat au Yémen mais pour un autre type de cause. Armée uniquement de l’espoir d’un avenir plus brillant et plus sûr pour ses deux fils, cette mère est déterminée à maintenir ses enfants à l’école malgré les affrontements en cours.

« Mes fils étaient inscrits dans une école privée, tout se passait bien, mais aujourd’hui, avec les combats, nous avons dû revoir sérieusement notre budget. Je ne peux plus me permettre d’envoyer mes enfants dans une école privée désormais », explique-t-elle. « Alors me voilà à l’école publique pour inscrire mes enfants en CE1 et en 5ème. » Elle-même a arrêté l’école en 6ème.

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L’école primaire Al Hussein, partiellement endommagée à cause des hostilités. Environ 2 millions d’enfants yéménites ne sont pas scolarisés, souvent parce que les bâtiments scolaires ont subi des dégâts importants.

Um Osama n’est pas seule dans ce combat : des centaines de milliers de parents sont inquiets quant à l’éducation de leurs enfants. L’UNICEF estime qu’actuellement au moins 350 000 enfants sont dans l’incapacité d’aller à l’école au Yémen, parce que les écoles ont été endommagées par les affrontements, sont occupées par des combattants, ou servent d’abri aux millions de personnes déplacées. Ceux-ci s’ajoutent à plus de 1,6 million d’enfants qui n’étaient déjà plus scolarisés pendant l’année scolaire 2015-2016.

Même l’école où Um Osama veut inscrire ses enfants a été touchée par le conflit. Elle a été partiellement détruite quand trois bombes ont frappé l’un des bâtiments l’année dernière. Heureusement, aucun élève n’était dans l’école à ce moment-là. Les frappes aériennes ont détruit une partie du toit ainsi que le laboratoire scientifique, rendant l’utilisation de certaines salles de classe dangereuse pour les enfants et les enseignants. Mais cela n’a pas dissuadé cette mère courageuse d’y inscrire ses enfants.

« Tout à fait, j’ai peur, très peur que mes enfants soient pris ou blessés dans les combats », explique-t-elle. « Mais je suis encore plus inquiète qu’ils manquent des années cruciales d’enseignement. »
  

D’importantes réparations en cours

Ahmad Al Tashi, ingénieur en construction pour l’UNICEF, est responsable de la réparation des écoles endommagées à Sanaa et dans les gouvernorats voisins. « Jusqu’à présent, l’UNICEF a évalué à au moins 174 le nombre d’écoles dans la ville nécessitant des réparations légères, ou, comme dans ce cas, importantes », explique-t-il. « Nous travaillons avec le Ministère de l’éducation pour que les réparations puissent avoir lieu avant que les enfants ne reprennent l’école ».

Puis il montre un trou béant dans le toit provoqué par une frappe aérienne. « Il est évident que les réparations importantes de ce type prendront du temps. »

>>   Lire le rapport de l’UNICEF : Les enfants au bord du gouffre (en anglais)

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Um Osama (au centre) inscrit son fils à l’école primaire Al Hussein. Avant, ses enfants allaient dans une école privée, mais elle ne peut plus payer les frais de scolarité.

À l’entrée de l’école, la file des parents et enfants qui attendent pour s’inscrire pour la nouvelle année scolaire s’allonge doucement mais sûrement. Le Responsable de la communication pour le développement de l’UNICEF, Abdulkhalek Zainah, est présent, il leur parle, tentant de les rassurer autant que possible.

Ayant lui-même des enfants, il connaît leurs préoccupations et les partage. « Dans le cadre de notre campagne Rentrée des classes, nous voulons que les enfants retournent à l’école et ne passent pas à côté de leurs études, sinon nous risquons d’avoir une génération d’enfants qui sera pénalisée en matière d’éducation », explique-t-il.

De retour au centre d’inscription, Um Osama a terminé la procédure d’inscription pour ses enfants. Elle est heureuse que ses deux fils continuent leur scolarité, mais leur sécurité l’inquiète. Lorsqu’on lui demande si elle a un message à transmettre au monde, elle répond : « S’il-vous-plaît, épargnez nos enfants et pensez à leur avenir. Nous sommes avant tout des humains et nous avons le devoir de garantir aux enfants un environnement sûr et sain qui leur permette d’aller jusqu’au bout de leur scolarité et de réaliser leurs rêves ».
 


Grâce à un généreux financement du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), de la Banque de développement KfW, d’Educate A Child (EAC), du Japon et du Partenariat mondial pour l’éducation, l’UNICEF appuie le Ministère de l’éducation dans la rénovation d’au moins 728 écoles dans le pays.

Là où les écoles ont été endommagées ou servent de refuge aux familles déplacées, l’UNICEF a permis la mise en place d’espaces d’apprentissage temporaires en fournissant des tentes aux administrations scolaires. Ces tentes servent de salles de classe et les élèves vont en cours le matin et l’après-midi.