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AFRIQUE DE L'OUEST ET AFRIQUE CENTRALE Reportage en RD du Congo

© UNICEF/NYHQ2009-1303/Asselin

Une fille regarde de l'intérieur d'un abri dans le camp de déplacés de Mugunga, à Goma. L'UNICEF et ses partenaires épaulent plusieurs espaces sécurisés pour les enfants du camp, dont les filles confrontées au risque de violence sexuelle.

DES PARTENARIATS POUR DES ESPACES DE SÉCURITÉ DESTINÉS AUX ENFANTS AFFECTÉS PAR LE CONFLIT

NORD-KIVU, République démocratique du Congo, septembre 2009 - Chaque matin de la semaine, une centaine d’enfants de moins de neuf ans dessinent dans l’une des cinq pièces de cet espace « ami des enfants », situé à la périphérie de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Mais il ne s’agit pas d’un endroit ordinaire. Il se trouve à Mugunga II, un camp provisoire pour personnes déplacées, et ici les enfants, surtout lorsqu’ils sont accueillis dans le centre pour la première fois, dessinent souvent des hommes armés qui brûlent des maisons, des civils victimes d’armes blanches ou d’armes à feu. C’est que, depuis trois ans, les civils du Nord-Kivu sont terrorisés par plusieurs groupes armés qui se battent pour le contrôle du secteur.

Des séances de thérapie par l’art et d’autres activités sont offertes dans cet espace « ami des enfants », créé dans un environnement éducatif sûr, avec un soutien récréatif et psychosocial pour les enfants du camp.  Une fois qu’ils participent au programme, les enfants commencent en général à dessiner des sujets plus normaux, lors de leur classe d’art, le matin. Ce centre spécial est géré par l’UNICEF et une ONG partenaire, World Vision. C’est l’un des douze centres de ce type créés dans des zones où les déplacés sont très nombreux. 

Ce projet d’espace de sécurité et de soutien psychosocial aux enfants traumatisés vivant dans les camps a démarré fin 2007 quand l’UNICEF a travaillé avec l’Associazione Volontari per il Servizio Internazionale (AVSI) et World Vision afin de créer, dans l’Est de la République démocratique du Congo, des espaces amis des enfants et des centres pour les jeunes dans un bon nombre de camps de déplacés. L’UNICEF fournit une assistance à ces espaces grâce à des experts et à la formation d’ONG partenaires aux techniques de soutien psychosocial. 

Dès le début de ce projet conjoint, l’UNICEF et ses partenaires ont constaté que les adolescentes ne participaient pas régulièrement aux activités menées dans ces espaces amis des enfants. Ceci a conduit à une étude plus approfondie des différences de besoins chez les garçons et les filles déplacés et vivant dans les camps. Un spécialiste de l’UNICEF en matière de problématique hommes-femmes en situation d’urgence a mené une enquête auprès de 65 adolescents dans deux des camps de déplacés. Dans cet environnement, les enfants et les femmes sont exposés au risque du viol, car les voisins sont souvent des étrangers, et les groupes armés pénètrent parfois de force dans les camps pour faire subir leur loi à ceux qui y vivent.

Suite à cet examen, l’UNICEF et ses partenaires ont animé des groupes de discussion spécialement pour les filles afin d’encourager leur participation et d’aborder les problèmes qui les préoccupaient. Ces groupes jouent un rôle important, car ils aident les filles à faire face aux menaces et aux conséquences de la violence dans leur vie. Dans l’un des camps, des soldats avaient exigé des rapports sexuels avec quatre filles. Ils en avaient tué une qui refusait et enlevé une autre fille. Traumatisées par de tels évènements, les deux autres filles ont soulevé la question au sein de leur groupe de discussion. Le médiateur formé par l’UNICEF et les autres filles ont pu leur permettre de faire leur deuil, de partager leur peine et de se remettre. Ils ont pu mobiliser le groupe aussi pour plaider en faveur d’un système de protection des filles géré par la communauté.

En outre, en coopération avec Save the Children, l’UNICEF aide un centre de soutien psychologique dans le camp Mugunga II pour les enfants séparés de leur famille. Dans ce centre se trouve une jeune fille de 16 ans, enceinte après avoir été violée par un homme de 26 ans. Son père a été tué lorsqu’un groupe armé a pris le contrôle  de la ville, il y a deux ans de cela. Puis, six mois après leur arrivée dans le camp, sa mère est morte de maladie, laissant la jeune fille seule avec quatre frères et soeurs plus jeunes. Lorsqu’elle est tombée enceinte suite à un viol, le violeur a proposé de l’épouser et de prendre en charge ses frères et soeurs. L’adolescente a acquiescé uniquement parce ce qu’elle n’avait pas d’autre solution pour se nourrir et nourrir ses frères et soeurs.

Save the Children l’a identifiée comme étant une adolescente à risque, et les travailleurs sociaux lui ont expliqué alors qu’elle n’était pas obligée d’épouser l’homme qui l’avait violée. Les travailleurs sociaux recherchent désormais les oncles et tantes qui pourraient prendre en charge la jeune fille et ses frères et sœurs. Elle reçoit également un soutien psychosocial et des soins médicaux et espère quitter le camp dans les mois à venir.

Entre janvier et août 2009, plus de 66 000 enfants ont bénéficié des espaces « amis des enfants » dans le Nord-Kivu. En République démocratique du Congo, l’UNICEF va continuer à travailler avec l’Associazione Volontari per il Servizio Internazionale (AVSI), Save the Children, World Vision et d’autres ONG partenaires pour faire en sorte que les enfants déplacés aient accès à des activités de loisirs, à des jeux et à des groupes de discussion qui leur assurent un certain niveau de normalité pendant leur séjour dans les camps.