har_header_fr_2008

ESARO ZIMBABWE: REPORTAGE

Après tout, le rêve de Nomagugu se réalisera peut-être…

© UNICEF Zimbabwe

Nomagugu (à d.), 19 ans, et ses jeunes frères et sœurs à Bulilima-Mangwe (Zimbabwe). Il s’occupe de ses frères et sœurs, des deux enfants de sa sœur décédée et de sa mère, malade du SIDA. Quelque 25 % des enfants au Zimbabwe sont désormais orphelins.

Enfant, Nomagugu avait un rêve. Elle voulait avoir un commerce, pour rendre les gens à la fois décontractés et élégants. « Je voulais avoir ma propre affaire, être couturière », dit-elle. Malheureusement, c’est davantage une situation de cauchemar que vit depuis deux ans Nomagugu. Pendant cette période, elle s’est occupée de sa mère malade et séropositive et a dû faire office de chef de famille pour ses quatre jeunes frères et sœurs. C’est un fardeau énorme, bien trop lourd, car elle a aussi la responsabilité de trois enfants âgés de dix ans, sept ans et un an, orphelins de sa sœur décédée.

Être, si jeune, la « maman » de tant d’enfants, est un combat permanent pour Nomagugu bien que, au Zimbabwe, elle soit loin d’être seule dans ce cas. Un adulte sur cinq y est séropositif, plus d’un enfant sur quatre y est orphelin et 100 000 enfants vivent dans des foyers dirigés par des enfants.  
« Les contraintes pesant sur les enfants zimbabwéens sont écrasantes », affirme le représentant de l’UNICEF au Zimbabwe, le Dr Festo Kavishe. « Les maladies liées au SIDA tuent 3 000 Zimbabwéens par semaine, 1,6 million d’enfants sont orphelins et chaque jour les éloigne un peu plus des éléments de base nécessaires à une enfance saine et heureuse. »

En plein milieu de cette crise, le Zimbabwe reste affaibli par des tensions politiques et une économie qui s’est contractée de 50 % au cours des cinq dernières années. Son taux d’inflation, 7 300 %, est le plus élevé du monde, les prix doublent chaque semaine et le gouvernement vient juste de déclarer 2007 « année de sécheresse ».  
Ce cumul d’épreuves pourrait s’avérer trop lourd pour Nomagugu. Et pourtant, quand elle parle, elle fait affectueusement référence à sa « famille », c’est-à-dire aux huit enfants qui dépendent d’elle, et, d’une certaine façon, elle a tendance à se concentrer sur sa chance et non sur ses épreuves personnelles. 

« J’ai beaucoup de chance » explique-t-elle, me prenant par surprise. « Bulilima est si sec. J’avais l’habitude de faire de longs trajets à pied pour simplement aller chercher de l’eau pour faire prendre des bains à ma mère malade et à mes frères et sœurs. Il n’y avait pas de toilettes à proximité pour ma mère, et mes frères et sœurs avaient quitté l’école parce que nous n’avions pas les moyens de payer les frais de scolarité. Les choses ont changé. Nous avons un puits à proximité, nous avons nos propres toilettes et, surtout, mes frères et sœurs vont de nouveau à l’école. »

Nomagugu et ses frères et sœurs sont les bénéficiaires d’un fonds pour l’eau unique en son genre qui fait bénéficier les orphelins et les autres enfants rendus vulnérables par le VIH et le SIDA de la distribution d’eau et des mesures d’assainissement. Le programme est dirigé par l’UNICEF et a pour but de pourvoir en eau salubre et en installations sanitaires les communautés rurales du Zimbabwe.

L’UNICEF fournira de meilleurs moyens d’assainissement, d’hygiène et d’alimentation en eau à 500 000 Zimbabwéens. Il offrira aussi à 500 000 orphelins et enfants vulnérables une meilleure alimentation, une réduction des frais de scolarité et un accès plus facile à la scolarisation. Cependant, il reste beaucoup à faire. La mère de Nomagugu ne peut pas se procurer des antirétroviraux car la pénurie de ces médicaments a atteint un point critique : seuls 4 % des 115 000 enfants séropositifs du pays reçoivent ces médicaments susceptibles de prolonger leur vie. Dans l’ensemble, le soutien des donateurs n’est plus qu’une fraction de ce qu’il était avant pour le Zimbabwe, le pays recevant 62 dollars par personne porteuse du VIH, la plus faible contribution par rapport à ses voisins de la région. À titre de comparaison, la Namibie, par exemple, reçoit 664 dollars par personne.

Aujourd’hui cependant, les ménages les plus touchés par le VIH et ceux ayant un grand nombre d’orphelins et d’enfants vulnérables sont équipés en latrines à fosse simple, reçoivent une aide pour construire des puits et, comme dans le cas de Nomagugu, des bourses scolaires.

Bien sûr, cela ne résout pas tous les problèmes de Nomagugu. Elle doit toujours se démener pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs ainsi qu’à ceux de sa mère souffrante bien qu’elle soit la première à admettre que son fardeau s’est allégé.

« L’eau et l’assainissement signifient que je peux consacrer mon temps à faire d’autres choses pour ma famille. N’oubliez pas que je passais six heures chaque jour à aller chercher de l’eau. Aujourd’hui, ma mère est malade mais elle est toujours propre. Mes frères et mes sœurs sont en bien meilleure santé. Et j’ai même commencé à cultiver un petit potager pour gagner un peu d’argent », explique-t-elle.

Et, après tout, peut-être qu’elle l’obtiendra un jour, ce magasin de vêtements dont elle rêve…

* Le total comprend un taux de recouvrement maximal de 7%. Le taux réel de recouvrement pour les contributions sera calculé conformément à la décision 2006/7 du Conseil d’administration du 9 juin 2006.