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WCARO NIGER: REPORTAGE

Atténuer la crise nutritionnelle au Niger

© UNICEF Niger/2007/Barger

Sa’adé Mouctar amasse des réserves pour son bébé dans un centre de nutrition supplémentaire dirigé par Action Against Hunger-Spain, partenaire de l’UNICEF. Malgré les améliorations, 300 000 enfants au Niger souffrent de malnutrition aiguë.

Sa’adé Mouctar attache Alhassane, neuf mois, sur son dos et se rend à pied à Mayahi, petite ville de la région centre-sud de Maradi (Niger), à plus d’une heure de chez elle. Cela fait six semaines qu’elle entreprend ce trajet tous les 15 jours pour faire soigner Alhassane, qui souffre de malnutrition. L’enfant s’est retrouvé dénutri après une poussée de fièvre accompagnée de diarrhée et de vomissements. À présent, il est soigné dans un centre d’alimentation complémentaire géré par le partenaire de l’UNICEF Action contre la Faim-Espagne.

L’UNICEF soutient cette ONG, ainsi qu’une vingtaine d’autres qui gèrent près d’un millier de centres d’alimentation en collaboration avec le Ministère de la santé nigérien. Depuis la crise alimentaire de 2005, ceux-ci ont permis une réduction significative du taux de malnutrition chez les moins de cinq ans. D’octobre 2005 à juillet 2007, la malnutrition aiguë sévère a diminué de près de 50 % et le taux  de malnutrition aiguë globale est passé de 15,3 % à 11,2 %. En dépit de ces progrès, quelque
300 000 jeunes Nigériens sont soignés chaque année pour malnutrition aiguë, la grosse majorité d’entre eux ayant moins de trois ans.

Grâce à des enquêtes nutritionnelles semi-annuelles et au suivi bimensuel de 300 sites sentinelles, l’UNICEF et ses partenaires arrivent à cibler les zones les plus touchées et à y renforcer leurs activités afin de répondre aux besoins les plus urgents. Tous les enfants traités pour malnutrition reçoivent des aliments thérapeutiques et bénéficient d’un suivi sanitaire. Ils reçoivent des aliments thérapeutiques et des suppléments de fer et de vitamine A pour renforcer leur système immunitaire, des comprimés antiparasitaires, le vaccin antirougeoleux et des antibiotiques. En outre, les enfants dont le traitement s’achève pendant la saison maigre (les mois d’avril à septembre, qui précèdent la récolte et pendant lesquels les réserves alimentaires des ménages diminuent) reçoivent des rations alimentaires à emporter chez eux pour empêcher les rechutes.

Dans les zones les plus vulnérables du pays, les enfants de 6 à 35 mois vivant loin des centres de traitement de la malnutrition bénéficient d’une distribution ciblée d’aliments complémentaires. Plus de 300 000 enfants sont concernés par cette initiative.

Tout en répondant aux besoins les plus urgents, l’UNICEF et ses partenaires s’attaquent aussi aux causes de la malnutrition chez les enfants. Ainsi, celle-ci est due, entre autres, au fait que les mères et autres personnes s’occupant des enfants manquent d’informations sur les bonnes pratiques nutritionnelles ou sur l’hygiène.

Au centre d’alimentation complémentaire de Mayahi, Sa’adé et Alhassane rejoignent d’autres femmes et enfants sous un abri fait de tiges de millet. Elles suivent les leçons de Nana Mariama, agent de santé communautaire, sur des sujets comme l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois, l’introduction d’aliments d’appoint pour les bébés de six mois et la préparation de repas équilibrés pour toute la famille.

Pendant ses visites au centre d’alimentation complémentaire, Sa’adé a appris quel type de nourriture convenait le mieux aux enfants de l’âge d’Alhassane. « Avant, je lui donnais ce que j’avais sous la main. Maintenant, je lui donne des haricots, des œufs et ce que mange le reste de la famille. » Grâce à des informations et à des traitements salvateurs, Alhassane pourra se développer sainement à l’avenir.

Les femmes entendent parler des traitements contre la malnutrition et de leur efficacité grâce à une série d’activités communautaires. L’UNICEF, le Gouvernement nigérien et des organisations non gouvernementales partenaires diffusent des programmes radiophoniques dans les langues locales pour expliquer, par exemple, comment dépister et traiter la malnutrition. Des agents de santé communautaires comme Nana Mariama font la tournée des villages pour diffuser des messages sur la santé et la nutrition. Ils travaillent en collaboration avec des équipes communautaires de promotion de la croissance pour recenser les enfants sous-alimentés et les envoyer dans des centres de traitement ou d’alimentation.

Beaucoup a été fait pour améliorer la situation nutritionnelle des enfants, mais un trop grand nombre d’entre eux sont encore guettés par la malnutrition. Pour réduire la malnutrition et la mortalité infantile, il faut accroître durablement l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à des informations cruciales sur la gestion des maladies infantiles, la pratique d’une bonne hygiène et la préparation de repas équilibrés.

Sa’adé et Alhassane sont porteurs d’espoir pour leur communauté. Lorsqu’elle a remarqué que la santé du petit s’améliorait, la voisine de Sa’adé lui a demandé ce qu’elle devait faire pour son propre fils, qui souffre lui aussi d’insuffisance pondérale. Au centre d’alimentation complémentaire de Mayahi, Sa’adé déclare : « Je l’ai amenée avec moi, aujourd’hui, pour lui montrer où elle pouvait trouver de l’aide pour son enfant. »

* Le total comprend un taux de recouvrement maximal de 7%. Le taux réel de recouvrement pour les contributions sera calculé conformément à la décision 2006/7 du Conseil d’administration du 9 juin 2006.